Quatre choses à savoir sur le Covars, le successeur du Conseil scientifique

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L'objectif du Covars est d'éclairer les décisions des pouvoirs publics (Illustration). © SAM PANTHAKY / AFP
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Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Le fameux Conseil scientifique laisse définitivement sa place au Covars, le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires. Instituée par les ministres de la Santé et de la Recherche, cette cellule 2.0 ne cible pas uniquement le Covid-19. Europe 1 vous explique en quoi elle consiste en quatre points.

C'était un engagement du gouvernement. Le 31 juillet, le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, ou Covars, a été créé. Venu remplacé le Conseil scientifique, qui a beaucoup épaulé le gouvernement pendant la crise du Covid-19, cette nouvelle cellule se veut transparente et indépendante. Si le Conseil scientifique a été inauguré en début d'épidémie du Covid-19 spécifiquement pour réfléchir autour du virus, le Covars a été pensé dans la durée, au-delà du coronavirus. Un comité d'experts 2.0 que l'État espère pérenne et adapté à toutes les crises sanitaires d'origine infectieuse.

C'est un comité de veille et d'anticipation

Le Covars "exerce un rôle d’expertise et de conseil indépendant dans l’objectif d’éclairer les décisions des pouvoirs publics", a précisé le gouvernement dans un communiqué de presse. En simple, la dernière pandémie a mis en lumière les points à améliorer pour faire face à des épisodes sanitaires de grandes ampleurs. Le Covars a donc été inauguré dans un esprit de prévention. Le comité travaillera sur les enjeux d'anticipation des crises sanitaires et de leurs conséquences sur la population.

Cette nouvelle cellule peut être saisie par les ministres de la Santé et de la Recherche mais a également la capacité de s'auto-saisir. Ainsi, le Covars ne fera pas que veiller sur les infections mais fera également figure d'autorité. C'est lui qui conseillera le gouvernement en donnant une ligne conductrice sur les gestes, les restrictions et la stratégie vaccinale à adopter. Tout comme le Conseil scientifique, tous ses avis seront rendus publics.

Il travaille sur tous les risques infectieux, au-delà du Covid-19

Parmi les missions du Covars, le gouvernement liste la veille scientifique, la prédiction et la modélisation, les recommandations pour réduire les risques, ou encore la prise en charge et l'accompagnement des citoyens. Un travail large autour des crises sanitaires à venir et en cours. Ainsi, contrairement au Comité scientifique, cette cellule ne se contentera pas de travailler sur le Covid-19, mais également sur d'autres risques infectieux comme l'épidémie de Monkeypox, la dengue ou le Sida par exemple. 

"Lors d’éventuelles crises, il pourra être élargi pour s’adjoindre les meilleures expertises au vu des enjeux posés, et poursuivre ainsi son rôle de conseil auprès du Gouvernement", précise ce dernier dans son communiqué. Le Covars n'exclut donc pas d'accueillir des membres exceptionnels pour s'adapter efficacement à la situation qu'il rencontre.

Une liste de missions élargie par rapport au Conseil scientifique

Les missions du Covars s'inscrivent dans l'approche dite "One Health". Cette démarche se concentre principalement sur les maladies infectieuses qui se transmettent des animaux aux humains et inversement. Un écho d'ailleurs, à la pandémie mondiale actuelle d'origine animale.

Elle étudie également leur émergence en lien avec les changements globaux ou encore la résistance aux antimicrobiens. Cette manière de penser a permis d'aborder la pandémie liée au Covid-19 à différentes échelles pour trouver des solutions adaptées. Dorénavant et grâce à cette approche, le Covars veut rendre des avis complets et s'adapter à toutes les crises et risques qu'il pourra identifier.

L'immunologiste Brigitte Autran note également que les missions du Covars sont ce qui différencie le comité de son prédécesseur. En plus des risques infectieux, le Covars se penche aussi sur "les risques liés à l'alimentation et surtout au changement climatique, la pollution et l'environnement". En somme, il possède des zones de recherches plus élargies.

Un comité divers, mais pas paritaire

Depuis le 16 août, c'est la professeure Brigitte Autran qui préside le comité et ses dix-huit membres. Autour de la table, six femmes et douze hommes, aux expertises scientifiques différentes. Infectiologues, virologues, épidémiologistes ou encore spécialistes des vaccins, de la prise en charge des patients ou plus généralement des sciences humaines et sociales… le Covars veut, à travers ses membres, avoir une vision la plus globale possible de la situation sanitaire du pays et de ses conséquences sur la population.

Parmi eux, on retrouve le chercheur en épidémiologie Simon Cauchemez, le vétérinaire Thierry Lefrançois, le virologue Bruno Lina et l'infectiologue Denis Malvy, déjà membres du dernier Conseil scientifique. De même, des anciens membres du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (Cosv), lui aussi dissous, ont été nommés, comme la docteure Mélanie Heard.

Si le Covars regroupe quatorze personnalités scientifiques, on retrouve aussi deux représentantes des patients, Yvanie Caillé et Cécile Offerlé. Véronique Loyer a quant à elle été nommée au titre de représentante des citoyens. "On a une vraie représentation de ce qu'on appelle la démocratie sanitaire", avait salué la présidente Brigitte Autran sur franceinfo. Enfin, le comité intègre de nouveaux membres, dont Annabel Desgrées du Loû, spécialiste de santé sexuelle et reproductive ou encore Patrick Giraudoux, chercheur en écologie de la faune sauvage et santé des écosystèmes. Là encore une preuve de la volonté du Covars de réfléchir sur tous les fronts.

Ce "commando de scientifiques de très haut niveau" sont nommés pour une durée de deux ans, renouvelable une fois. Le gouvernement donne toute sa confiance au comité, qui doit dès à présent éclairer les décisions des pouvoirs publics.