Marcel Rufo 2:00
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Romain David
En dépit des réticences de nombreux édiles à rouvrir les écoles à partir du 11 mai, le pédopsychiatre Marcel Rufo estime qu’il est urgent pour les enfants de reprendre une scolarité normale, afin qu'ils ne soient pas lésés plus tard.
INTERVIEW

La rentrée post-confinement s’annonce complexe. De nombreux maires jugent impossible de mettre en place une rentrée générale à partir du 11 mai, du moins dans le respect des protocoles sanitaires réclamés par l’Etat contre le coronavirus. Mais pour le pédopsychiatre Marcel Rufo, il est nécessaire de renvoyer les enfants sur les bancs de l’école, pour éviter que ne s'installe de trop grosses lacunes. "Il y a une urgence cognitive", plaide-t-il au micro d’Europe 1.

"Il est important de se séparer pour grandir. L’école est le travail des enfants. Les enseignants doivent demander aux enfants de retourner à l’école", explique Marcel Rufo. "Les enfants les plus en difficulté risquent d’avoir des dégâts amputants au niveau cognitif. C’est comme la perte d’un membre, ce retard ne se rattrapera pas", alerte-t-il.

Un creusement des inégalités

Surtout, la période de confinement risque de favoriser les inégalités entre les enfants issus de différentes catégories sociales, avec, d’un côté, ceux qui auront eu accès à un encadrement scolaire de qualité ces dernières semaines, et ceux qui n’auront pas pu bénéficier de la même attention, parfois en raison de situations familiales complexes. "Pour cette catégorie de gens qui n’ont pas le télé-enseignement, ou les moyens de faire l’école à la maison, on crée deux France", déplore Marcel Rufo.

"Il faut arrêter de creuser ce fossé, entre la France qui a des moyens culturels, sociaux, économiques, et l’autre, en difficulté", poursuit-il. "L’école égalise les chances, elle est notre pétrole pour l’avenir", conclut ce pédopsychiatre.