Jean-Paul Hamon, Président de la Fédération des médecins de France 1:10
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Cédric Chasseur
44% des généralistes refusent de devenir le médecin traitant de nouveaux patients selon une enquête publiée par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir. Un comportement que comprend très bien Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. Sur Europe 1, il explique qu'un médecin débordé est tout simplement "dangereux pour le malade". 
INTERVIEW

Contrairement à près de la moitié de ses collègues qui refusent des nouveaux patients, Jean-Paul Hamon accueille des personnes qu'il ne suivait pas avant. Le président de la Fédération des médecins de France est même passé dans son cabinet de Clamart "de 1.840 à 2.152 nouveaux patients". Cela ne l’empêche pas, sur Europe 1, de comprendre le comportement de ces généralistes, dénoncé dans une enquête de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir qui réclame des mesures d'urgences contre les déserts médicaux.

Un médecin débordé est "un mauvais médecin"

Pour illustrer ses propos, Jean-Paul Hamon utilise le drame de Mirepoix-sur-Tarn. "Vous n'allez pas sur un pont réservé aux véhicules de moins de 19 tonnes avec un camion de 50 tonnes", explique-t-il. Et bien pour les médecins généralistes, c'est pareil selon lui. "Quand vous prenez 4.000 patients alors que vous êtes organisés pour en recevoir 2.000, c'est dangereux pour le malade", alerte-t-il. Quand un généraliste a des patients, "il doit pouvoir donner des rendez-vous dans des délais raisonnables ou assurer les urgences", détaille le Président de la FMF. "Lorsque vous consultez un médecin débordé ou fatigué, vous allez être soignés par un mauvais médecin", s'inquiète même Jean-Paul Hamon. 

L'envie de "sortir son revolver"

Que faire alors pour endiguer un problème qui touche des départements comme la Charente ou la Seine-et-Marne, où le taux de refus frôle ou dépassent les 80% ? "Il faut réformer le système de santé", plaide tout simplement le président de la Fédération des médecins de France. Jean-Paul Hamon se positionne en faveur d'une "réforme globale", qui donne les pleins pouvoirs aux médecins plutôt qu'aux administratifs dans la mire du généraliste. "Quand j'entends des administratifs dire que les urgences sont débordées à causes des médecins libéraux, qu'il faut rendre la garde obligatoire, j'ai envie de sortir mon revolver", s’énerve-t-il. 

 

Jean-Paul Hamon veut aussi rendre plus attractif la médecine générale, "un métier formidable a exercé". Pour cela, il faut selon lui "que les jeunes découvrent l'exercice libérale pendant leurs études, qu'ils n'aient plus peur de s'installer". Mais le coût de la consultation est un frein majeur à ses yeux dans cette promotion. "A 25 euros la consultation, alors que la moyenne européenne est à 40 euros, comment voulez-vous être attractif ?", demande finalement le Président de la FMF.