Pass sanitaire : l'exécutif veut aller "très vite", l'opposition ne lâche rien à l'Assemblée

Les débats sont mouvementés à l'Assemblée nationale.
Les débats sont mouvementés à l'Assemblée nationale. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Les débats sur le pass sanitaire sont houleux à l'Assemblée nationale : plus de 1.000 amendements ont été déposés contre son extension. Les députés ont même voté jeudi après-midi contre son instauration pour les patients et les visiteurs dans les Ehpad et les hôpitaux, contre l'avis du gouvernement. 

Déjà partiellement en vigueur depuis la veille, le pass sanitaire patinait pourtant encore jeudi à l'Assemblée nationale. Les députés peinent à s'accorder sur cet outil présenté comme la meilleure arme face au rebond de l'épidémie du Covid-19. Très pressé, le gouvernement veut faire adopter le projet de loi d'ici la fin du week-end après quatre jours de débat parlementaire. Mais, en se quittant au milieu de la nuit mercredi, les députés avaient encore 900 amendements à examiner sur le millier qui avaient été déposés.

Signe de la tension qui règne : l'hémicycle a voté jeudi après-midi contre l'instauration d'un pass sanitaire pour les patients et les visiteurs dans les Ehpad et les hôpitaux, contre l'avis du gouvernement. 

Des débats extrêmement mouvementés

Les débats ont repris à 9 heures jeudi sur un rythme légèrement accéléré, dans un hémicycle moins rempli que la veille. L'ambiance restait houleuse, les oppositions mitraillant l'extension du pass sanitaire. L'examen "va prendre un petit peu plus de temps que prévu (...) Il y a beaucoup de débats, beaucoup d'amendements. C'est la démocratie", a relativisé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. 

Si l'obligation vaccinale étendue aux soignants, sapeurs pompiers ou encore professionnels auprès des personnes âgées est largement soutenue, ce n'est pas le cas de l'extension du pass sanitaire, objet de vives critiques de la gauche à l'extrême droite. "Vous gâchez cette période estivale pour un certain nombre de Français" qui n'auraient le temps de faire qu'une injection du vaccin, a accusé la députée LR Véronique Louwagie jeudi matin dans l'hémicycle. "On a droit soit à un contrôle autoritaire soit à des mesures technocratiques débiles", a renchéri Sébastien Chenu (RN). La gauche n'était pas en reste : le pass sanitaire, "on n'en veut pas, les citoyens n'en veulent pas et on a un gouvernement qui dit 'c'est comme ça, pas autrement'. A quoi on sert ici ?", s'est exclamé le communiste Alain Bruneel. 

Le pass sanitaire pour les mineurs fait débat 

Certains députés ont cherché en vain à exempter les mineurs ou les activités en extérieur, évoquant les difficultés ou "absurdités" pour le tennis ou l'accrobranche. "Que se passe-t-il si un ado n'est pas vacciné et qu'il est exclu des activités périscolaires et de découverte culturelle ?", questionne le député communiste Sébastien Jumel. 

Le taux d'incidence progresse surtout chez les 12-17 ans et les 18-29 ans, deux tranches d'âge où le nombre de vaccinés reste très faible. Mais Gabriel Attal a assuré jeudi ne pas vouloir "stigmatiser les jeunes qui en ont bavé pendant un an et demi" et "font du mieux qu'ils peuvent". "On va avoir des campagnes de vaccination spécifiques, notamment dans les établissements scolaires à la rentrée pour précisément vacciner le plus de jeunes possibles qui le souhaitent", a-t-il rappelé.

La menace d'un reconfinement 

"Nous avons deux choix : réussir le pass, vite, très vite (...) ou nous exposer au risque de devoir reconfiner notre pays", a de nouveau justifié Olivier Véran devant la Commission des lois du Sénat. "Ne voyez pas ça comme un un chantage ou une épée de Damoclès (...) mais il n'y a pas d'autre option".

Devant les sénateurs, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, a dit craindre "une situation complexe, très complexe" à l'hôpital fin août, le moment où le variant Delta aura "un impact sur le système de soin". Avec plus de 21.000 cas de contamination au Covid recensés en 24 heures mercredi, c'est la première fois depuis début mai que le seuil de 20.000 contaminations par jour est dépassé, contre 9.000 il y a une semaine. Les personnes en soins critiques continuent pour l'heure de baisser (859 contre 931 le 14 juillet). Au point que de nouvelles mesures comme le retour au masque obligatoire en extérieur ont été prises pour certaines communes de Meurthe-et-Moselle, de l'Hérault et de Vendée.