Moins de cancers chez les consommateurs d’aliments bio ?

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Une étude démontre que le risque de développer un cancer est réduit de 25% "chez les consommateurs 'réguliers' d'aliments bio". L'épidémiologiste Emmanuelle Kesse-Guyot a expliqué la façon dont cette enquête a été menée à Matthieu Belliard sur Europe 1.

Manger bio réduirait les risques de cancer. C'est ce qu'a démontré une étude menée par l'Inra, l'Inserm, l'université Paris 13 et la CNAM sur un échantillon de près de 70.000 personnes et publiée dans le JAMA Internal Medicine.

"Diminution de 25% du risque de cancer chez les consommateurs 'réguliers'." "On a recruté des dizaines de milliers de personnes depuis 2009, qui sont suivies dans l'étude NutriNet-Santé, à qui on pose énormément de questions sur les modes de vie, l'alimentation, leur santé évidemment, pour ensuite mettre en relation tous ses facteurs entre eux", précise Emmanuelle Kesse-Guyot, épidémiologiste et directrice de recherche à l'Inra, au micro de Matthieu Belliard sur Europe 1.

Et le résultat est éloquent. "Une diminution de 25% du risque de cancer a été observée chez les consommateurs 'réguliers' d’aliments bio, par rapport aux personnes qui en consomment moins souvent", souligne le communiqué diffusé par les auteurs de cette enquête. "Les grands consommateurs de bio qui sont considérés dans cette étude sont des individus qui mangent environ 50% de leur alimentation en bio", détaille Emmanuelle Kesse-Guyot.

 

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Une première étude qui demande confirmation. "Cette étude est passionnante. C’est la première fois qu’une étude montre que le fait de manger bio sans pesticides, réduit le risque de développer un cancer", a réagi le cancérologue et ancien président de l'Institut national du cancer, David Khayat, sur Europe 1.

"L'étude a des limites", analyse-t-il toutefois. "C'est la première. En sciences, on attend toujours qu'il y ait plusieurs études qui confirment un résultat donné." Il est également précisé dans le communiqué qu'un "lien de cause à effet" ne peut pas "être établi sur la base de cette seule étude" et que "des travaux complémentaires" doivent être réalisés "pour la mise en place des mesures de santé publique adaptées et ciblées".

"Pas de raison de ne pas avoir confiance dans les produits bio." En attendant ces éventuelles mesures, chacun peut adapter son comportement alimentaire. Il ne faut malgré tout pas oublier que manger bio demande un investissement financier supérieur. "C’est vraiment sur les produits végétaux qu’il faut se concentrer pour réduire l’exposition aux pesticides", conseille Emmanuelle Kesse-Guyot. Pour "les produits animaux, la dynamique est un petit peu différente, ce sont plutôt des résidus d'antibiotiques ou des principes de bioaccumulation".

Elle se veut par ailleurs rassurante à l'égard de ceux qui douteraient de la véritable origine bio des produits qu'ils consomment, malgré le label : "Il n’y a, a priori, pas de raison de ne pas avoir confiance dans les produits bio parce que c’est très difficile de réussir à obtenir le label."