Ehpad 1:49
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Nicolas Feldmann, édité par Manon Fossat
Alors que le ministère de la Santé réfléchit toujours à une obligation vaccinale pour les soignants, les personnels de santé, eux, font preuve de réticences. Certains estiment ne pas avoir assez de recul sur ce traitement, et sont même prêts à abandonner leur travail si cette mesure venait à être prise. 
REPORTAGE

L'obligation vaccinale pour les soignants contre le coronavirus est à nouveau brandie par le ministère de la Santé. L'objectif est clair, d'ici septembre, 80% des personnels devront être vaccinés. Et un accent particulier veut notamment être mis sur les Ehpad, où selon Olivier Véran, seulement 57% des soignants ont reçu au moins une dose. Mais ces derniers émettent pourtant des réticences, à l'image du personnel de la résidence de l'Abbaye, dans le Val-de-Marne. 

"Pas convaincue à 100%"

Dans cet Ehpad en effet, le débat s'invite parfois pendant les pauses. "On en parle entre nous. On demande aux collègues qui sont vaccinées pourquoi elles l'ont fait et pareil pour celles qui ne veulent pas le faire", explique une soignante.

Ici, 70% des soignants ont reçu le traitement. Mais il reste tout de même des réticents. C'est le cas d'Isabelle, qui estime ne pas avoir assez de recul sur la situation. "C'est un choix personnel. On s'est battu depuis la nuit des temps pour avoir des vaccins, mais ça demande quand même du recul, et là je pense qu'il n'y en a pas", juge-t-elle. "Bien sûr qu'on a une responsabilité et je fais très attention à ce que je fais. Mais pour l'instant, je ne suis pas convaincue à 100% par le vaccin."

"On est en démocratie"

Alors pour tenter de convaincre les soignants, la direction s'est mobilisée et échange avec son personnel. Florence Riaux, responsable de la vie sociale s'y emploie et tente de répondre aux inquiétudes d'Isabelle. "Elle va réfléchir. Aujourd'hui elle n'a pas pris la décision de se faire vacciner, mais peut-être que dans quelque temps ce sera le cas. Les soignants se posent des questions et on est là pour leur répondre. Le médecin coordinateur est aussi là pour les rassurer. Mais il faut respecter la liberté de choix de chacun", affirme-t-elle.

Si le vaccin devient obligatoire pour les soignants, Isabelle a déjà fait son choix. "Je quitte le travail, c'est pas grave. On est en démocratie. Je ferais autre chose, tant pis", dit-elle. Quant à la direction de l'Ephad, elle redoute de perdre du personnel dans un secteur déjà sous tension.