Frottis, palpation et spéculum : ce qu'il faut savoir sur la consultation gynécologique

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Mathilde Durand
Spéculum, toucher vaginal, frottis : ces termes sont connus des femmes mais pas toujours compris. Juju la Gygy, gynécologue-obstétricienne depuis une dizaine d'années, lève le voile sur les tabous autour de l'anatomie féminine, de la gynécologie ou encore des pathologies intimes. Sur Europe 1, elle revient sur les consultations gynécologiques, souvent redoutées. 
INTERVIEW

C'est un rendez-vous médical auquel les femmes se rendent souvent à reculons. Mais Juju la Gygy compte bien décomplexer la consultation gynécologique. Dans son livre Le guide gynéco joyeux et décomplexé, publié aux éditions First, et sur son compte Instagram qui compte plus de 53.000 abonnés, la gynécologue-obstétricienne évoque pêle-mêle, en dessin avec humour et pédagogie, l'anatomie des femmes, les pathologies ou encore la contraception. En bref, ce qui touche à l'intime et qui reste encore trop souvent source de honte ou d'angoisse pour les femmes. Sur Europe 1, dans l'émission Sans Rendez-vous, la soignante revient sur le déroulé des consultations gynécologiques et les idées reçues autour de ce rendez-vous.

Un examen interne n'est pas obligatoire la première fois

Tout d'abord, une consultation gynécologique n'est pas obligatoire dès l'âge de 16 ans pour les jeunes filles. "Il y a différentes situations : soit il y a une réelle demande, des symptômes, et il faut y aller pour savoir ce qu'il se passe, répondre aux questions et avoir une prise en charge", explique Juju la Gygy. "Soit on en ressent le besoin, on a envie de discuter sexualité, contraception et là, c'est aussi une bonne réponse."

D'autres professionnels formés à la santé de la femmes peuvent également prendre en charge des patientes, tels que les sages-femmes ou les médecins généralistes, rappelle encore la gynécologue. Et un examen interne n'est pas non plus obligatoire dès la première consultation. "En général quand je reçois une jeune fille la première fois, je la rassure et je lui dis qu'à moins qu'elle ait une demande, un besoin, je ne l'examinerai pas à l'intérieur, mais que si elle veut, on peut regarder dans un miroir son anatomie ensemble", explique la gynécologue. L'occasion de découvrir son corps, qui reste encore trop souvent méconnu par les femmes elles-mêmes.

Plusieurs tailles de spéculum

Durant une consultation gynécologique, les professionnels peuvent procéder à divers examens. Le toucher vaginal, par exemple, qui consiste à sentir les organes à l'aide de deux doigts insérés dans le vagin et une main posée sur le ventre. "Cela va nous permettre de bien sentir ce qu'il se passe autour : les contours de l'utérus, s'il a augmenté de volume ou s'il y a un kyste sur les ovaires", explique Juju la Gygy.

D'autres examens peuvent nécessiter l'utilisation d'outils, à l'instar du spéculum, qui peut parfois impressionner. "Il permet, quand on l'écarte, de voir à l'intérieur du vagin et notamment de voir le col de l'utérus, d'observer s'il y a des pertes particulières, l'aspect du col…", explique la professionnelle de santé, qui assure que plusieurs tailles de spéculum sont disponibles, pour s'adapter au mieux à la patiente. Grâce au spéculum, les gynécologues peuvent poser des dispositifs intra-utérins ou encore réaliser des prélèvements, tel que le frottis. 

Le frottis, un dépistage important mais pas (forcément) avant 25 ans

Derrière ce nom répandu se cache un examen qui permet de dépister le cancer du col de l'utérus. "Le frottis consiste, avec un petit instrument, à récupérer des cellules au niveau du col, pour les analyser et savoir si tout est normal ou si on est dans un pré-cancer, voire un cancer installé", explique Juju la Gygy. Le cancer du col de l'utérus est une pathologie liée aux HPV (Human Papillomavirus), une famille de virus très large dont certains, dits oncogènes, peuvent entraîner des cancers. "La 'bonne nouvelle', c'est que c'est un cancer qui se développe très lentement, que l'on peut dépister à des stades divers et que l'on peut soigner", rassure la gynécologue.

Un autre test existe désormais sous le nom de "test HPV", qui permet de chercher directement les virus responsables du cancer. "L'examen est le même, mais soit on l'envoie en cytologie pour analyser les cellules, soit on l'envoie pour récupérer le virus", explique la soignante.

Si l'âge du premier frottis est désormais de 25 ans, cela n'a pas toujours été le cas, explique Juju la Gygy. "La médecine évolue. A un moment, on pensait qu'on devait le faire tôt, rapidement après les premiers rapports sexuels. Puis on s'est rendu compte qu'on surdiagnostiquait", poursuit-elle, rappelant que 50 à 70% des femmes seront concernées par un HPV au cours de leur vie, mais vont l'éliminer naturellement. "En faisant des frottis trop tôt, on introduisait de l'angoisse", ajoute la soignante. 

"Aujourd'hui c'est 25 ans pour le premier frottis, on le renouvèle un an plus tard, à 26 ans, puis tous les trois ans jusqu'à 30 ans. A partir de 30 ans, et ce sont les nouvelles recommandations depuis 2019, on cherche l'HPV tous les cinq ans, jusqu'à 65 ans", résume la gynécologue.  

Palpation et question 

La consultation gynécologique, ainsi que toutes les consultations chez un professionnel formé à la santé des femmes, sont aussi l'occasion pour les patientes de faire examiner leurs seins via la palpation, afin de dépister d'éventuels cancers. L'autopalpation est également recommandée. 

Il s'agit aussi, lors de ces rendez-vous, d'obtenir des réponses à certaines questions sur ses règles, sur des pathologies telles endométriose ou encore des conseils sur les protections hygiéniques. Autant de sujets évoqués par Juju la Gygy dans son guide pour une gynécologie "joyeuse et décomplexée".