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Mathilde Durand
D'après une étude de l'AP-HP, le tocilizumab aurait réduit "significativement" la proportion de patients, atteints du Covid-19, ayant dû être transférés en réanimation. La professeure Odile Launay, infectiologue et responsable du centre de vaccination de l'hôpital Cochin à Paris, analyse ces résultats sur Europe 1.
INTERVIEW

Un médicament qui se transforme en espoir. D'après les premiers résultats d'une étude menée par l'AP-HP sur 129 patients gravement atteints du Covid-19, le tocilizumab aurait réduit "significativement" la proportion de patients ayant dû être transférés en réanimation, soit 65 personnes. Utilisé habituellement dans le traitement la polyarthrite rhumatoïde, il permettrait de diminuer l’inflammation du système immunitaire, provoquée par le virus. La professeure Odile Launay, infectiologue et responsable du centre de vaccination de l'hôpital Cochin à Paris, décrypte ces résultats sur Europe 1.

Des résultats à préciser 

"Ce sont des résultats très importants, pour la première fois on a des résultats qui montrent qu’un médicament pourrait empêcher la dégradation des patients, leur passage en réanimation et leur décès", affirme l'infectiologue. "C'est un médicament qui agit sur la seconde phase de l'infection c'est-à-dire la phase où la réponse immunitaire est en excès et délétère." La molécule va en effet bloquer l'action de certaines substances, produites par le système immunitaire, qui avaient un effet défavorable sur l'évolution de l'état de santé du patient.

La professeur Odile Launay insiste sur la précocité de ces résultats, encore incomplets. "On a besoin d'avoir maintenant le détail de l’effet que produit ce médicament pour mieux savoir d’une part quels sont les patients qui en bénéficient, et d’autre part l’importance de l’effet obtenu avec ce traitement", souligne l'infectiologue. Les résultats ne sont connus que pour 14 jours après le début du traitement. Il reste également à déterminer si l'effet positif du tocilizumab se maintient après un mois. 

Un médicament qui agit sur les conséquences du Covid-19

"Ce n'est pas un médicament qui agit sur le virus mais un médicament qui agit sur ses conséquences, et sur la réponse immunitaire", rappelle Odile Launay. "Il a fallu avant d’envisager d’utiliser ce médicament avoir un certain nombre de connaissances sur le mécanisme mis en jeu dans cette infection spécifique." Pour collecter ces renseignements, les chercheurs ont utilisé des données sur le virus et ses effets autour du monde, notamment en Chine. 

Si les effets ne sont pas encore totalement prouvés, et que les résultats devront être publiés prochainement dans une revue scientifique, le tocilizumab reste cher. Il faut compter environ 800 euros par injection. Mais l'infectiologue balaye la problématique d'un revers de main. "Comparativement au coût d’une journée de réanimation, ce n'est pas cet argument là qui va être le plus important".