Une fois l'épidémie de Covid-19 atténuée, les hôpitaux pourraient être confrontés à l'afflux de patients atteints de maladies chroniques. 5:00
  • Copié
Jonathan Grelier
Face à l'afflux de patients atteints du Covid-19, les hôpitaux français se sont complètement réorganisés, compliquant parfois le suivi des maladies chroniques. Mardi dans "Sans rendez-vous" sur Europe 1, le rhumatologue Francis Berenbaum a dit craindre une "troisième vague, qui serait la poussée des maladies chroniques".

La fin de l'épidémie de Covid-19 est encore loin en France. Mais déjà des craintes se font entendre dans les hôpitaux concernant les conséquences de la crise sanitaire sur le sort d'autres malades. "Moi, ça me fait peur. On parle aujourd'hui d'une troisième vague. La première vague, c'est celle actuelle. La deuxième vague, le risque éventuel qu'il y ait à nouveau une poussée de Covid. La troisième vague, ce serait la poussée des maladies chroniques", s'inquiète Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, mardi dans Sans rendez-vous sur Europe 1.

Un suivi à distance effectué "tant bien que mal"

La première explication à ce phénomène anticipé par le soignant réside dans la réorganisation des hôpitaux, qui est par ailleurs nécessaire dans la lutte contre le Covid-19. Le service de Francis Berenbaum s'est par exemple transformé en "un service post-urgences". "On prend en charge tous les patients qui arrivent aux urgences et pour lesquels le problème n'est pas lié au coronavirus", explique-t-il. D'ailleurs, "tous les services de spécialité ont totalement suivi le mouvement", selon lui. Problème : "les patients que l'on hospitalisait, que l'on voyait en hôpital de jour et qu'on voyait en face à face, on ne les voit plus", raconte-t-il.

Leur suivi reste assuré par téléphone essentiellement, voire en visioconférence. Mais pour Francis Berenbaum, cela se fait "tant bien que mal". "Ce n'est pas optimal, mais on ne peut pas faire autrement", reconnaît-il, alors que le personnel soignant a absolument besoin des bilans réguliers de ces patients.

L'attitude anormale des patients

 

Mais ce qui inquiète peut-être encore davantage le médecin, c'est l'attitude de ses patients. Il a d'ailleurs fait part de son étonnement lorsqu'une vingtaine d'entre eux se sont tous dits en forme récemment. "Ça peut paraître curieux de dire que c'est inquiétant quand les malades nous disent qu'ils vont bien. Mais par expérience, ça n'arrive jamais", explique-t-il. "Les consultations, en gros, c'est deux tiers de patients qui vont bien et un tiers de patients qui ne vont pas bien et pour lesquels il faut rééquilibrer le traitement."

La crainte d'aller à l'hôpital

Pour expliquer cette situation, le professionnel de santé formule trois hypothèses. Dans un contexte de crise sanitaire majeure, où les morts se comptent par centaines chaque jour dans le pays, "les patients, consciemment ou inconsciemment, se disent : 'Je n'en suis pas là, je ne vais pas me plaindre'", suppose Francis Berenbaum. Autre possibilité : ces derniers n'ont pas envie de venir à l'hôpital en raison d'un éventuel un risque. "Ce qui n'est pas faux d'ailleurs", commente le rhumatologue. Enfin, plus simplement encore, certains ne souhaiteraient pas "embêter le docteur" en pleine épidémie.