Crise de l'hôpital : "La grille des salaires de l'hôpital public nous ligote", affirme le professeur Pierre Amarenco

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Ugo Pascolo , modifié à
À la veille du "plan d'urgence conséquent" que doit annoncer le Premier ministre Édouard Philippe, le chef du service neurologie de l'hôpital Bichat, étrille la grille de salaires de la fonction publique imposée chez les soignants, et qui empêche, selon lui, de rémunérer correctement les gens. 
INTERVIEW

À quelques heures de l'annonce du "plan d'urgence conséquent" du Premier ministre pour sauver l'hôpital public français, le docteur Pierre Amarenco, chef du service neurologie à l’hôpital Bichat de Paris, a tiré à boulets rouges sur la grille salariale imposée dans le milieu hospitalier. "L'hôpital a intrinsèquement des problèmes majeurs qui sont essentiellement liés au fait que l'on ne peut pas payer plus les gens qui travaillent", a-t-il estimé. 

"Les 35 heures nous ont complètement assassinés"

Invité du Grand journal du soir pour évoquer sa découverte pour la lutte contre la récidive des AVC, le spécialiste a évoqué la crise que traverse le milieu hospitalier en France, dont le point d'orgue a été la mobilisation jeudi dernier d'un quart des médecins. "La grille des salaires de l'hôpital public nous ligote. En quoi est-il nécessaire que je sois fonctionnaire ? En quoi est-il nécessaire qu'un brancardier soit fonctionnaire ? Ce n'est pas une fonction régalienne", explique le médecin, avant de lâcher : "Les 35 heures nous ont complètement assassinées, on ne s'en est jamais remis". 

Un retour sur le statut de fonctionnaire "nécessaire"

"Lorsqu'il était dans le gouvernement de François Hollande, Emmanuel Macron avait dit que cette fonction hospitalière n'avait pas de sens, car elle nous contraint à une grille de salaires. On ne peut donc pas bien payer les infirmières ou les médecins. On est arrivé à un point où ces derniers s'en vont de l'hôpital public ! Il faut pouvoir les retenir, et l'argent, c'est le nerf de la guerre", avance Pierre Amarenco au micro d'Europe 1.

Anticipant les mesures consistant à augmenter l'investissement de l'État dans l'hôpital public, il prévient que "ce n'est pas en rajoutant quelques centaines de millions [d'euros] que l'on va faire quoi que ce soit. La crise de l'hôpital est systémique, il faut changer de manière profonde le fonctionnement [de l'hôpital] et recruter des gens en dehors de la fonction publique", affirme-t-il. Avant de conclure : "C'est nécessaire, on ne peut pas continuer comme cela. Si on est contraint par cette grille de la fonction publique, on n'y arrivera pas."