Depuis l'annonce de la gratuité des tests, des files interminables de patients se forment dès très tôt le matin devant les laboratoires d'analyses médicales. 1:26
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Victor Dhollande, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Lors d'une conférence de presse donnée jeudi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu des "difficultés organisationnelles" dans le dépistage du Covid-19. Les laboratoires croulent sous les patients, et la France, à la différence de son voisin allemand, ne s'en sort pas. Pourquoi un tel bazar dans les tests, en France ? Europe 1 fait le point.

"Nous sommes confrontés à des difficultés organisationnelles sur les tests", a reconnu jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de sa conférence de presse. Le gouvernement serre donc la vis dans les villes, comme Nice où de nouvelles mesures drastiques ont été annoncées vendredi. Mais pourquoi un tel bazar dans le dépistage ?

Trop de patients et une réglementation trop stricte

La première explication à cet embouteillage des tests, c'est un problème que n'ont cessé de dénoncer les médecins biologistes : la gratuité des tests. En effet, dès l'annonce du remboursement intégral des tests PCR par l'Assurance maladie, les laborantins se sont retrouvés avec un afflux de patients devant leurs laboratoires.

Ce à quoi s'ajoutent des problèmes plus structurels. La réglementation des laboratoires d'analyses médicales est bien trop contraignante. Elle a d'ailleurs été pointée du doigt par l'Autorité de la concurrence dans une notes. Interdiction de sous-traiter les analyses, interdiction de la coopération entre les laboratoires... Cet empilement de règles grippe le système, et n'aide pas à fluidifier le "trafic" des tests.

Centralisation et désindustrialisation

Le trop forte centralisation, en France, n'améliore pas les choses, puisque tout doit passer par la Direction générale de la Santé (DGS). Une organisation trop verticale par rapport à l'Allemagne, par exemple. Nos voisins, eux, ont en effet été bien plus réactifs grâce à un fonctionnement qui repose sur les Lander et les entreprises.

Mais il est un autre problème, très français : la désindustrialisation. En France, on ne fabrique pas les automates permettant d'analyser plusieurs tests à la fois, et l'on dépend donc des importations. Or, la France ne fait pas partie des pays prioritaires dans les commandes. Là encore, l'Allemagne a été plus réactive. Elle s'est débrouillée toute seule, très tôt, pour produire ces automates. Gratuité des tests, réglementation trop stricte, trop forte centralisation, désindustrialisation... Autant de paramètres qui freinent la politique de tests, et autant de raisons de penser que, malgré les annonces d'Olivier Véran, le bazar autour du dépistage ne devrait pas être aussi vite que le ministre l'imagine.