Covid-19: "Pas d'effet bénéfique" de l'hydroxychloroquine, selon un essai clinique majeur

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Les responsables de l'essai clinique Recovery ont rendu un avis défavorable concernant l'usage de l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. © GEORGE FREY / AFP
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avec AFP , modifié à
Les responsables de l'essai clinique Recovery sur l'hydroxychloroquine ont annoncé vendredi que ce médicament, envisagé comme un traitement possible contre le Covid-19, ne montrait "pas d'effet bénéfique" sur les patients atteints par la maladie. Cette annonce survient quelques jours après l'imbroglio autour de l'étude controversée parue dans la revue The Lancet. 

L'hydroxychloroquine ne montre "pas d'effet bénéfique" pour les malades du Covid-19, selon les responsables de l'essai clinique britannique Recovery qui ont annoncé dans un communiqué l'arrêt "immédiat" de l'inclusion de nouveaux patients pour ce traitement.

"Pas d'effet bénéfique chez les patients hospitalisés avec le Covid-19"

Recovery, essai clinique majeur dont les résultats étaient très attendus, était l'un des seuls à n'avoir pas suspendu ses tests sur l'hydroxychloroquine après une étude controversée du Lancet, depuis retirée, qui pointait du doigt l'inefficacité voire l'effet néfaste de la molécule controversée. Après une analyse des premiers résultats, "nous avons conclu qu'il n'y a pas d'effet bénéfique de l'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés avec le Covid-19", ont indiqué les chercheurs dans un communiqué.

"Nous avons donc décidé d'arrêter le recrutement de participants pour le bras (la partie d'un essai qui concerne un traitement en particulier, ndlr) hydroxychloroquine de l'essai Recovery, avec effet immédiat", ont-ils ajouté. Ils ont précisé qu'ils avaient décidé de rendre publics ces "résultats préliminaires parce qu'ils ont des conséquences importantes pour la prise en charge des patients et la santé publique".

 

 

Un essai avec une méthode fiable

Recovery est un essai clinique contrôlé et randomisé (patients choisi par tirage au sort), méthode d'expérimentation considérée comme la plus solide pour tester des médicaments. Il est mené au Royaume-Uni sur plus de 11.000 patients de 175 hôpitaux pour évaluer l'efficacité de plusieurs traitements contre le Covid-19. Les tests sur les autres pistes de traitement continuent. La partie hydroxychloroquine a concerné 1.542 patients ayant reçu la molécule, comparés à 3.132 patients ayant bénéficié d'une prise en charge standard.

Pas de différence significative avec l'hydroxychloroquine

Les chercheurs concluent qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes ni pour la mortalité à 28 jours, ni pour la durée d'hospitalisation. "C'est décevant que ce traitement soit inefficace mais cela nous permet de nous concentrer sur les soins et la recherche sur des médicaments plus prometteurs", a commenté Peter Horby, principal responsable de l'essai. 

Alors que ce traitement a été prescrit massivement dans de nombreux pays "en l'absence d'information fiable", "ces résultats devraient changer les pratiques médicales à travers le monde et prouver l'importance des essais randomisés à large échelle pour permettre de prendre des décisions sur l'efficacité et l’innocuité de traitements", a ajouté son adjoint Martin Landray.

Une molécule également inefficace pour la prévention 

Par ailleurs, une étude publiée mercredi dans le New England Journal of Medicine (NEJM) conclue à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine en prévention du coronavirus. Commentant les résultats ce vendredi au micro d'Europe 1, le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny, Frédéric Adnet, a estimé que la méthodologie de cette étude est "inattaquable", contrairement à celle paru le 22 mai dernier dans le Lancet.