Coronavirus : "Les gens qui ne respectent pas les gestes barrières sont le maillon faible"

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Pauline Rouquette
Alors que la France enregistre une nette progression des contaminations, Dominique Costagliola, épidémiologiste, a rappelé, samedi sur Europe 1, la nécessité d'appliquer les gestes barrières. Des gestes barrières dont l'efficacité a été prouvée et qui représentent le seul moyen de contrôler l'épidémie de Covid-19 dans notre pays.
INTERVIEW

"Je suis pas sûre qu’on puisse parler de deuxième vague, ce qui est sûr c'est qu'il y a une circulation importante du virus", affirme Dominique Costagliola, épidémiologiste, invitée samedi d'Europe 1. Directrice de recherche à l'Inserm et membre de l'Académie des Sciences, celle-ci a rappelé que les gestes barrières étaient le moyen le plus efficace pour contenir l'épidémie et éviter une deuxième vague.

Le mauvais exemple du masque, dont l'efficacité est bel et bien prouvée

Garder ses distances, se laver régulièrement les mains, porter le masque à l'intérieur... "Comment on fait rentrer ça dans la tête des gens ?", questionne la chercheuse, qui estime qu'il est important de réussir à faire comprendre à tout le monde que ce sont des mesures efficaces. L'épidémiologiste comprend pourquoi cela peut être compliqué, et prend l'exemple du masque qui a pâti d'une communication désastreuses durant la crise provoquant colère et scepticisme. "la communication sur l'ensemble de la crise n'a pas permis aux gens de comprendre pourquoi c'était efficace puisqu'on a dit pendant toute une période que ça ne l'était pas".

Pour autant, Dominique Costagliola tient à rectifier le tir et justifier ces piétinements. "On se basait sur des données qui concernaient la grippe. Or, avec la grippe, on n'est pas longtemps infectieux avant d'avoir des symptômes, c'est ça qui fait la différence", explique la chercheuse, ajoutant que les études sur les différents coronavirus (SRAS-CoV, MERS-CoV, SRAS-CoV2 alias Covid-19) ont démontré que le port du masque est une mesure efficace. "Souvent, si quelque chose n'est pas efficace, beaucoup de médecins considèrent que ça ne marche pas. Mais si déjà ça fonctionne à 80%, ça réduit le risque !", poursuit-elle. "Il faut être absolument convaincu que c'est quelque chose qui va contribuer à ce qu'on n'aille pas dans une situation plus compliquée que celle que l'on connait à l'heure actuelle".

"Dans une maladie infectieuse, on ne s'en sort pas tout seul"

Si elle rappelle l'importance d'adopter à tout prix les gestes barrières, Dominique Costagliola insiste sur la nécessité d'être endurant dans leur application. "Les cas diagnostiqués aujourd'hui sont des gens qui ont été contaminés il y a 7 à 10 jours", explique-t-elle. "Donc quand on prend une nouvelle mesure, il faut attendre ce délai pour en mesurer un effet éventuel". En effet, sur son site, le ministre de la Santé rappelle que le délai d’incubation (délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes) du Covid-19 est "de 3 à 5 jours en général, mais peut s'étendre jusqu'à 14 jours". Pendant cette période, le sujet peut être contagieux.

 

 

"Le mieux qui puisse nous arriver, c'est de ne pas aggraver la situation", poursuit l'épidémiologiste qui dit espérer nous voir maîtriser la situation dans son état actuel avant qu'elle ne nous échappe. Pour cela, chacun de nous a un rôle à jour, insiste-t-elle. "Dans une maladie infectieuse, on ne s'en sort pas tout seul. Les gens qui ne respectent pas les gestes barrières sont le maillon faible et empêchent le contrôle de l'épidémie dans l'ensemble du pays."