Coronavirus : que se passe-t-il en Guyane, sous la menace d'un reconfinement ?

En Guyane, l'épidémie de coronavirus accélère.
En Guyane, l'épidémie de coronavirus accélère. © jody amiet / AFP
  • Copié
Antoine Terrel avec AFP , modifié à
Depuis le début du mois de juin, la Guyane fait face à une accélération de l'épidémie de coronavirus. Alors que les élections municipales ont déjà été repoussées et que l'état d'urgence sanitaire pourrait être prolongé, Matignon a évoqué dimanche soir l'hypothèse d'un reconfinement. Europe 1 fait le point sur la situation.
DÉCRYPTAGE

En France, si le reflux épidémique se poursuit jour après jour sur la majeure partie de la Métropole, la situation sanitaire en Guyane inquiète les autorités. Le territoire français, voisin du Brésil -fortement endeuillé par la pandémie-, reste en effet sous haute surveillance. Un couvre-feu a même été instauré dans plusieurs villes, dont Cayenne et Kourou. Alors que le coronavirus continue d'y progresser, Matignon a même évoqué dimanche soir l'éventualité d'un reconfinement de la Guyane, si cette accélération venait à se confirmer. Europe 1 fait le point sur la situation sur place. 

Le nombre de cas a quadruplé en deux semaines

Selon le dernier bilan communiqué dimanche par les autorités sanitaires, 2.441 cas positifs au Covid-19 ont été recensés en Guyane depuis le début de l'épidémie, dont 930 guéris. 111 personnes étaient hospitalisées samedi soir, et 14 se trouvent en réanimation. Dimanche, un homme de 85 ans est décédé, portant le bilan à 7 morts.

Mais plus que le bilan, c'est la progression de l'épidémie qui inquiète. 278 cas supplémentaires ont ainsi été recensés en 24 heures, selon les chiffres communiqués dimanche. En deux semaines, le nombre de cas a quadruplé et doublé sur les 7 derniers jours. Samedi, 278 tests se sont révélés positifs sur 869 effectués.

L'hypothèse d'un reconfinement

Dimanche soir, l'exécutif a annoncé un renforcement des capacités sanitaires sur place et expliqué que, si les signes de l'accélération de l'épidémie venaient à se confirmer, "l'hypothèse d'un reconfinement" de la Guyane devrait être réexaminée. De son côté, la ministre des Outre-mer Annick Girardin doit se rendre sur place mardi. 

Invité dimanche du journal de la chaîne Guyane La 1ere, le préfet de Guyane Marc Del Grande ne s'est pas prononcé quant à une éventuelle date de mise en œuvre de ce reconfinement. "On ne va pas fixer de date", a-t-il précisé. "D'abord, on laisse les renforts arriver pour soutenir nos hôpitaux et soutenir les capacités de réanimation. On continue les mesures de couvre-feu de week-end, de semaine (...) et le moment venu, les décisions seront prises." La patience est d'autant plus nécessaire, selon lui, qu'il est "un peu tôt pour savoir si le couvre-feu fonctionne", en raison de la période d'incubation du virus. 

Il faudra également, a-t-il poursuivi "regarder si les mesures de freinage, assez sévères, fonctionnent". Et de conclure : "Si ça fonctionne, peut être qu'on pourra éviter le reconfinement". 

Des couvre-feux prolongés et renforcés

Jeudi, le couvre-feu a ainsi été allongé sur les trois communes de l''Île de Cayenne : Cayenne, Matoury, Rémire-Montjoly, avec pour objectif "d'éviter la surcharge" du système hospitalier". Le couvre-feu y est allongé du lundi au vendredi de 19h à 5h du matin, et du samedi 15h au lundi 5h du matin. Et les commerces de ces trois communes ne peuvent être ouverts en semaine que de 6h à 18h, et le samedi de 6h à 14h30.

Depuis dimanche soir, deux nouvelles ville sont concernées par cet allongement du couvre-feu : la ville spatiale de Kourou, qui est la commune du littoral la plus touchée en nombre de cas de Covid-19 par habitant, et celle de Macouria, située entre Kourou et Cayenne. Là encore, cette décision est justifiée par l'accélération de l'épidémie. 

Deux communes, celle de Saint-Georges de l'Oyapock, à la frontière du Brésil, et de Camopi, restent même toujours confinées, ainsi que la Cité Arc-en-Ciel à Rémire-Montjoly.

Matignon prévoit un renforcement des capacités sanitaires 

Concernant le renforcement des capacités sanitaires, 17 soignants supplémentaires, issus de la réserve sanitaire nationale, doivent arriver sur place lundi. D'autres équipes soignantes, en particulier de l'AP-HP, (Hôpitaux de Paris) "vont être projetées à partir de cette semaine", précise le gouvernement. 

Par ailleurs, une unité de l'hôpital de campagne de la sécurité civile de 20 lits de médecine générale doit être déployée cette semaine pour accueillir des patients non-Covid et permettre ainsi de dégager des capacités hospitalières supplémentaires. Enfin, la stratégie d'évacuation sanitaire, en priorité vers les Antilles et pouvant être étendue vers l'Hexagone en cas de nécessité, sera poursuivie. "Deux patients ont été évacués le 18 juin par un avion CASA de l’armée de l'air. Une nouvelle évacuation sanitaire de deux patients est en cours de réalisation", poursuit Matignon.

Municipales repoussées, l'état d'urgence sanitaire pourrait être prolongé

D'autres mesures avaient déjà été prises ces derniers jours. Mercredi, l'Assemblée nationale s'est prononcée en faveur d'une prolongation de l'état d'urgence sanitaire, tout comme à Mayotte, jusqu'au "30 octobre inclus". Pour le reste du territoire français, le projet de loi organise la sortie de cet état d'urgence après le 10 juillet, avec une période de "vigilance" durant laquelle des restrictions resteront possibles. Le texte doit être examiné au Sénat cette semaine. 

Et alors que la Guyane est passée au stade 3 de l'épidémie, ce qui signifie que le virus circule activement sur l'ensemble du territoire, "et non plus seulement dans des zones limitées", le report des élections municipales prévues le 28 juin a d'ores et déjà été décidé.