Les essais se déroulent à l'hôpital de la La Pitié-Salpêtrière. 2:30
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Antoine Terrel , modifié à
L'hôpital de La Pitié-Salpêtrière a lancé jeudi un essai pour voir si l'injection de cellules issues du cordon ombilical pouvait permettre de réduire les lésions dans les poumons des patients atteints d'un syndrome de détresse respiratoire aigüe. Ces cellules ont "de fortes propriétés anti-inflammatoires", explique sur Europe 1 Philippe Ménasché, chirurgien cardiaque à l’hôpital européen Georges-Pompidou. 
INTERVIEW

Pour lutter au mieux contre l'épidémie de coronavirus, les chercheurs multiplient les pistes et les expérimentations, alors qu'aucun traitement n'a pour l'instant été validé. Jeudi, un essai a été lancé à l'hôpital de la La Pitié-Salpêtrière, pour déterminer si l'injection de certaines cellules issues du cordon ombilical permettrait de réduire les lésions dans les poumons des patients souffrant d'un syndrome de détresse respiratoire aigüe. Invité jeudi de Sans rendez-vous, sur Europe 1, Philippe Ménasché, chirurgien cardiaque à l’hôpital européen Georges-Pompidou, a précisé les propriétés particulières de ces cellules, et le déroulé de cet essai. 

Des cellules aux propriétés anti-inflammatoires

Ces cellules ne se trouvent pas dans le sang du cordon ombilical mais "dans une gelée, la gelée de Wharton, qui entoure les vaisseaux", explique le spécialiste au micro de Mélanie Gomez. Elles ont, précise-t-il, "de fortes propriétés anti-inflammatoires, ainsi que des propriétés capables de réguler le système immunitaire". Or, "dans ces détresses respiratoires dues au Covid-19, qui conduisent un certain nombre de patients en réanimation, il y a une très forte inflammation du tissu pulmonaire. Il paraissait donc logique d'examiner la pistes de ces cellules", conclut Philippe Ménasché. 

Par ailleurs, ces cellules souches ont déjà été utilisées "dans de nombreuses maladies qui comprennent une composante inflammatoire", développe encore le chirurgien cardiaque, comme le Lupus, des pathologies cérébrales ou des maladies du foie, ou encore "des complications de greffes de moelle qu'on pratique pour traiter des maladies du sang". 

Un risque "relativement faible"

Comme toujours dans ce genre d'essai, "l'élément majeur est le rapport bénéfice-risque", explique Philippe Ménasché. Or, pour l'instant, "si le bénéfice reste à démontrer, le risque nous parait relativement faible", ajoute-t-il, "car tous les essais ont démontré d'une manière constante l'excellente tolérance à ces cellules et l'absence, en général, d'effets indésirables". 

Objectif : favoriser la réparation du tissu pulmonaire

Les injections tests s'effectuent sur des patients atteints de complications sévères, "des patients intubés et ventilés, avec une détresse respiratoire sévère, chez lesquels la composante inflammatoire est évidente", précise Philippe Ménasché. Ces derniers reçoivent donc trois injections, toutes séparées de 48 heures, par une perfusion intraveineuse.

Les chercheurs espèrent que ces cellules pourront permettre d'améliorer l'état des patients. "L'objectif, c'est de les améliorer, d'essayer de réduire un peu cette réponse inflammatoire, et de favoriser la réparation du tissu pulmonaire", détaille l'invité d'Europe 1. "Si, pour ces patients, qui sont ventilés en moyenne entre 15 jours et trois semaines, on pouvait gagner quelques jours de ventilation, on réduirait d'autant la morbi-mortalité associée à ces thérapies très invasives".