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Matthieu Belliard, édité par Séverine Mermilliod
Selon Jean-François Toussaint, directeur d’un institut d’épidémiologie à l’Irmes, qui s'appuie sur des comparaisons avec les pays européens qui n'ont pas confiné, le confinement n'aurait pas été très utile pour enrayer l'épidémie.
INTERVIEW

Alors que la date du déconfinement au 11 mai approche, Jean-François Toussaint, directeur d’un institut d’épidémiologie à l’Irmes (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport), a affirmé jeudi sur Europe 1 que le confinement posait "question" scientifiquement. Il s'appuie notamment sur des comparaisons avec des pays européens, comme la Suède ou les Pays-Bas, qui n'ont pas opté pour un confinement strict face au covid-19.

"Le même résultat" pour les pays qui n'ont pas confiné ?

"Dans le monde, il y a eu différentes façons de répondre à cette crise. Un grand nombre de pays ont opté pour le confinement, d’autres pays ne l’ont pas fait. C’est le cas de la Corée, très tôt, de la Suède, des Pays-Bas, et à un moindre degré l’Allemagne qui a pris une stratégie comparable à celle de la Corée du Sud…", rappelle le médecin.

Or, d'après lui, "ce que l’on voit, en particulier en Europe où on a une grand confiance dans les données, c’est qu'au moment où tous les pays ont passé le pic, un peu en-dessous de la moitié de l’ensemble de la vague, ces trois pays ont le même résultat en moyenne que les autres pays européens qui ont confiné de façon stricte", assure-t-il. Il faut toutefois rappeler que les données actuelles sont encore partielles, quelque soit le pays, et qu'il est peut-être un peu tôt pour en juger.

Les meilleures mesures : les gestes barrière

D'ailleurs, en France, les projections les plus pessimistes parlaient de 300 à 500.000 morts au début de la crise. "La grande difficulté a été de s’adapter à cette trajectoire qui a dévié très tôt des hypothèses les plus pessimistes", estime le médecin, selon qui se retrouver face à "une situation qui n’était pas celle de Neil Ferguson et l'ensemble de ceux qui avaient donné ces projections pessimistes, aurait dû permettre une adaptation plus rapide".

"Maintenant, il faut qu’on puisse déconfiner, et on voit que l'Allemagne accélère son déconfinement avec une stratégie qui tient compte de cette réalité", insiste Jean-François Toussaint avant de rappeler que dans tous les cas, "les mesures qui marchent extraordinairement bien sont les gestes barrière, les masques, et la distanciation". Si, pour lui, concernant "le confinement, il y a une grande question scientifique actuellement", les masques "ont l’effet le plus important, lorsqu’ils ont les normes et certification, car ils permettent de couper les chaînes de transmission".