Coronavirus : la crainte d'une vague mortelle dans les Ehpad est-elle justifiée ?

Ehpad Coronavirus
Les fédérations du secteur des Ehpad ont alerté sur le risque d'une vague mortelle dans ces établissements. © Loic VENANCE / AFP
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avec AFP
Plusieurs établissements accueillant les seniors en situation de dépendance ont été frappés par des cas de coronavirus. Les principales fédérations du secteur redoutent 100.000 morts et dénoncent l'impréparation à une crise qui touche en premier lieu les plus âgés.
ANALYSE

Elles sont les premières victimes de l'épidémie de coronavirus : les personnes âgées vont-elles subir de plein fouet la crise sanitaire d'ampleur inédite que vit la France aujourd'hui ? Dans une lettre, les principales fédérations du secteur ont alerté vendredi le ministre de la Santé sur un chiffre : elles craignent "100.000 morts" du Covid-19 dans ces établissements, particulièrement scrutés. 

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Douze décès dans un établissement du Doubs, plusieurs dans l'Hérault, des foyers infectieux dans la Vienne et à Paris… Malgré une réclusion stricte, les Ehpad ont déjà été touchés. "La moyenne d'âge y est supérieure à 85 ans, les conséquences pourraient être dramatiques", s'inquiétait déjà début mars Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées.

Forte demande de masques

Les Ehpad avaient alors commencé à se barricader : visites restreintes, prise de température, gel hydroalcoolique et masques… Des "mesures-barrières" qui devaient "bloquer l'entrée du virus", expliquait Florence Arnaiz-Maumé. Trois semaines plus tard, les verrous ont sauté. À Thise, près de Besançon, 12 résidents sont décédés depuis le dépistage des premiers cas le 5 mars.

Le bilan devrait encore s'alourdir et, faute de tests, "le nombre de décès ne sera connu qu'une fois que l'épidémie sera derrière nous", estime Olivier Obrecht, directeur général adjoint de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté. 

"Nous ne sommes pas aujourd'hui dans une situation de pic épidémique dans les établissements", assure Pascal Champvert. Le président de l'association des directeurs de maison de retraite (AD-PA) que "ce qui permettra de l'éviter, c'est que nous ayons des masques dans la durée et en nombre suffisant".

Un stock qui peut partir "en trois jours"

Pour l'heure, le compte n'y est pas vraiment dans les Ehpad. "S'il y a un cas suspect, ça peut aller très vite", a prévenu samedi soir sur Europe 1 Séverine Laboue, directrice du Groupe Hospitalier Loos-Haubourdin, dans le Nord. "Ne nous restent que 3.000 masques par résidence, ça part en trois jours."

Le gouvernement a-t-il pris la mesure de l'urgence ? Pour les deux semaines à venir, a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran samedi après-midi, priorité sera donnée pour ces masques aux personnels de santé en ville comme à l'hôpital et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, avec notamment 500.000 masques par jour pour les personnels des Ehpad.

"Les Ehpad ne sont pas identifiés comme prioritaires pour les livraisons de masques qui viennent d'être annoncées par le gouvernement", réplique Séverine Laboue. "On commence à ne plus être livrés… On a l'habitude d'avoir des masques, on les utilise à chaque épisode de grippe saisonnière et là, à la fin de l'épidémie de grippe, nos stocks sont en souffrance."