Jean-Paul Hamon 2:16
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Coline Vazquez , modifié à
Invité du Grand journal du soir de Nathalie Lévy, le médecin généraliste et président des médecins de France Jean-Paul Hamon déplore un manque de moyens en particuliers de masques à destination des professionnels de santé, dénonçant "une faute grave" dont "les responsables devront rendre des comptes".

"J'espère que cette fois-ci, le gouvernement et toute l'administration ont réalisé qu'on a besoin d'un système de santé qui fonctionne", dénonce Jean-Paul Hamon, président des médecins de France. Ce médecin généraliste, lui-même contaminé par le coronavirus, alerte sur le manque de moyens qui touche les professionnels de santé. "Il serait temps qu'on mette l'argent nécessaire et qu'on arrête de mégoter", s'indigne-t-il, avant de pointer du doigt le manque de masques FFP2.

"On ne comprenait pas pourquoi les professionnels de santé n'étaient pas protégés", raconte-t-il au micro de Nathalie Levy sur Europe 1. "Mais j'ai eu une première explication : en 2008 et jusqu'en 2012, on avait un milliard de masques en stock et 700 millions de FFP2. Or, ces stocks n'ont pas été renouvelés", déplore celui qui a été contaminé au coronavirus lors d'une visite chez un patient, mercredi dernier. 

Un budget pour les masques supprimé en 2013

Selon lui, même si Xavier Bertrand avait inscrit dans le plan de financement de la sécurité sociale "une ligne qui devait coûter 15 millions pour le renouvellement de ces masques, en 2013 un minable comptable à voulu gratter 15 millions dans le budget de la sécurité sociale et a supprimé cette ligne", s'indigne-t-il, rappelant que la France avait, auparavant, été confrontée à la menace de la grippe aviaire H5N1 ainsi que la grippe H1N1 sous Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé en 2009, et "à qui ont avait reproché d'en avoir trop fait côté vaccins, mais côté masques elle avait fait ce qu'il fallait", ajoute-t-il. 

Un manque de moyens auquel s'ajoute un autre problème selon Jean-Paul Hamon, qui reproche à la France d'avoir envoyé à l'étranger des masques confectionnés par des usines de l'hexagone alors que le personnel médical et soignant en avait besoin.

"Une faute grave"

Et pour lui, il faudra que les responsables rendent des comptes à l'issue de la crise : "L'administration est capable de nous fournir un document qui décrit en détail les kits de protection où il est question de masques FFP2 et elle n'est pas fichue de laisser un stock à destination des professionnels de santé... C'est une faute grave et je pense qu'il faudra certainement une commission d'enquête pour éclaircir la chose".

Mais surtout, le médecin généraliste espère que ce constat mènera à une prise de conscience. "Je vois que la planche à billets est grande ouverte, qu'on est en train de vouloir sortir 300 milliards de je ne sais où et c'est très bien. Qu'on mette alors 40 milliards de plus sur la table pour avoir un système de santé qui fonctionne", demande-t-il. 

"Toujours une petite pointe d'angoisse"

Interrogé sur son ressenti en tant que personne contaminée, Jean-Paul Hamon reconnaît éprouver une légère inquiétude. "On a beau se dire et se répéter que ça se guérit sans séquelles dans 98% des cas, il y a une petite musique qui dit 'j'espère que tu ne fais pas partie des 2% qui vont y passer'. Donc, il y a toujours une petite pointe d'angoisse que je comprends chez les patients", raconte-t-il avant de rassurer : "Même si il y a quand même très peu de chance". Le président des médecins de France s'est fait tester après avoir souffert de fièvre mais ne se porte, pour l'instant, "pas trop mal", assure-t-il.