Dans mon hôpital, une dizaine de médecins sont malades et des dizaines de soignants", témoigne Frédéric Adnet. 2:27
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Séverine Mermilliod , modifié à
Alors que les hôpitaux font face à des arrivées de patients atteints du coronavirus toujours plus importantes, on recense aussi désormais des malades et des décès parmi les personnels soignants. Frédéric Adnet, Chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny et du Samu de Seine-Saint-Denis, alerte sur la situation au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Est-ce que l'hôpital va tenir face à l'afflux probable de patients malades du coronavirus Covid-19 dans les jours qui viennent ? "C'est toute la question", s'inquiète Frédéric Adnet​, Chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny et du Samu de Seine-Saint-Denis, en Île-de-France, qui était sur Europe 1 pour en parler. D'après lui, la vague arrive mais on ne sait pas encore quelle sera sa taille.

De plus en plus de malades

"Nous recevons de plus en plus de patients positifs ou Covid-suspects", constate Frédéric Adnet. "Au samu, la très grande majorité des appels est en rapport avec cette épidémie, avec des malades qui présentent toutes les formes cliniques de cette maladie, du plus bénin - beaucoup de malades ont une perte de l'odorat isolée, un signe en rapport avec l'infection -, aux cas les plus graves avec des détresses respiratoires, où on est obligés d'intervenir avec des moyens lourds."

 

Même constat aux urgences, qui reçoivent beaucoup de patients. "On a complètement réorganisé l'hôpital, on ouvre des lits en différant les admissions programmées...On est très inquiets parce qu'on n'a pas encore une idée de la hauteur de la vague qui va nous arriver", alerte le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny.

"Les soignants payent un lourd tribut"

Une inquiétude d'autant plus forte que les premiers décès parmi le personnel soignant ont été annoncés ces derniers jours, dans l'Oise d'abord, puis dans le Grand Est, dans le Haut-Rhin, la Moselle et en Haute-Saône - les territoires parmi les plus touchés par l'épidémie.

"On y pense tous les jours et tous les instants. A chaque épidémie on sait que les soignants payent un lourd tribut. Dans mon hôpital, une dizaine de médecins sont malades et des dizaines de soignants", témoigne Frédéric Adnet. "Ça génère deux choses : c'est une perte sèche de personnel formé, compétent et qui connait ce service, et ça génère une crainte légitime et permanente d'attraper cette maladie, crainte pour sa propre vie mais aussi de contaminer les autres, ses collègues et les patients."