L'Afrique se prépare à affronter une aggravation de l'épidémie de coronavirus. 2:18
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Antoine Terrel
Invité lundi de "Sans rendez-vous", sur Europe 1, le Dr Éric Cheysson, chirurgien et président de l’association "La chaîne de l’espoir", est revenu sur la progression du coronavirus en Afrique. Si, pour l'instant, le continent est moins touché que l'Europe ou l'Asie, l'arrivée prochaine du pic de l'épidémie pourrait avoir des conséquences dramatiques, alerte-t-il. 

Jusqu'ici moins touchée que l'Europe ou l'Asie, l'Afrique se prépare à affronter l'aggravation de l'épidémie de coronavirus. Mais sur ce continent encore marqué par une forte pauvreté et des systèmes de santé moins fournis en matériels adaptés, la crise sanitaire pourrait s'affirmer particulièrement grave. C'est la crainte du Dr Éric Cheysson, chirurgien et président de l’association "La chaîne de l’espoir", qui intervient dans plus de 30 pays autour de la planète. "En Afrique, cela peut être une catastrophe", alerte-t-il sur Europe 1. 

En contact régulier avec ses confrères médecins de divers pays d'Afrique, Éric Cheysson assure que "la vague arrive" sur le continent, et craint que la crise sanitaire soit bien plus grave que dans des pays comme la France, où l'épidémie a déjà fait plus de 8.000 morts. "En France, nous avons déjà du mal à faire face, mais là-bas, ça peut être une catastrophe", explique-t-il, en insistant notamment sur le manque de matériel et la formation insuffisante des personnels soignants. 

"Des structures de santé déjà fragilisées"

"En France, il y a des problèmes de manque de matériel, mais ce sont des moments aigus à passer et on va y arriver. C'est ce qui fait que notre système de santé est admirable". En Afrique, poursuit-il, "est-ce que vous imaginez le confinement ? Est-ce que vous imaginez ces structures de santé déjà fragilisées faire face à des réanimations très lourdes ?"

L'association a d'ores et déjà construit sept hôpitaux équipés de services de réanimation. "On y faisait de la chirurgie cardiaque, de la chirurgie viscérale", explique Éric Cheysson, précisant que ces établissements vont être "transformés en centres Covid". 

"Il faut former le personnel"

Mais, insiste-t-il, "il faut former le personnel, car entre réanimer un enfant opéré du coeur et réanimer un patient atteint du coronavirus, c'est extrêmement difficile et cela demande une formation". Bloquées en France, les équipes de "La chaîne de l'espoir" s'attellent déjà à cette formation des personnels, par vidéo. 

Face à cette situation dramatique, l'association a besoin "de toutes les bonnes volontés", mais aussi de "dons", réclame l'invité d'Europe 1, car "se fournir en respirateurs sur le marché international est extrêmement coûteux". Par ailleurs, l'action de "La chaîne de l'espoir" sur le terrain est perturbée par la situation française. "C'est difficile parce qu'on ne peut pas y aller, et trouver le matériel est très difficile. L'ensemble de nos stocks a été utilisé ici", regrette le chirurgien. 

En Afrique, conclut Éric Cheysson, "le pic est très loin et va être difficile à franchir. Ils vont avoir besoin de notre solidarité".