Coronavirus : comment se prépare le tri des patients

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Romane Hocquet éditée par Coline Vazquez , modifié à

Alors que l'épidémie de coronavirus fait de plus en plus de victimes en France, des cellules de soutien se mettent en place dans chaque région pour le corps médical, confronté au lourd choix de prioriser certains patients au détriment d'autres. 

La menace plane, chaque jour un peu plus. Alors que le coronavirus fait de plus en plus de victimes en France et dans le monde, d'ici les prochaines jours ou les prochaines semaines, le système de santé français risque d'arriver à saturation. C'est déjà le cas dans le Grand Est où on manque de lits, d'équipements et de personnel. Une situation des plus inquiétantes pour le monde médical et qui a poussé le comité consultatif d'éthique national à recommander la mise en place de cellules de soutien pour répondre aux questions des soignants

Le risque d'un stress post-traumatique 

"On va être obligé de faire un choix parce qu'on n'a pas assez de places disponibles pour les patients. Est-ce que ça vaut le coup ? Oui... non... C'est une question complexe"", constate Arnaud Depil-Duval. Pour répondre à ce dilemme qui devrait se poser de plus en plus à mesure que l'épidémie progresse, l'urgentiste à Paris peut compter sur la cellule éthique de l'Ile-de-France. Comme dans chaque région, une équipe de réanimateurs, d'infectiologues, de psychologues est présente pour aider les médecins à prioriser leurs patients. 

"La crainte, c'est clairement de se retrouver face à deux patients jeunes et intégrés dans la société. Il est facile de se dire qu'on n'a pas fait le bon choix. C'est le risque de la survenue d'un stress post-thraumatique pour les médecins et pour ça, on n'est pas forcément très bien entouré", regrette Arnaud Depil-Duval.

Accompagner aussi les médecins de ville

Avec l'épidémie, les critères d'admission en réanimation vont d'ailleurs se durcir, explique Grégoire Moutel. Le coordinateur de la cellule de Normandie est aussi sollicité par des médecins de ville qui sont en première ligne face aux familles. "On a un collègue de ville qui nous dit : 'moi la décision, je la comprends, mais ma grande difficulté c'est comment je vais la faire accepter aux proches que je connais depuis 10 ans et qui pensaient que j'allais faire entrer leur papa à l'hôpital'. Nous, on va être dans l'idée de ne pas laisser le professionnel seul, qu'il se sente soutenu". Et le comité est aussi composé de juristes pour préciser le cadre légal, car les médecins le savent : "Ces choix, il faudra les assumer y compris après la crise".