La professeure de bonheur Florence Servan-Schreiber partage ses conseils pour "kiffer". 6:21
  • Copié
Antoine Cuny-Le Callet
Le confinement nous a abîmé pendant deux mois et l'heure est maintenant venue de retrouver son enthousiasme. Invitée de l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1 mercredi, la professeure de bonheur Florence Servan-Schreiber partage ses conseils pour "kiffer".
INTERVIEW

La période de confinement due au coronavirus a eu des effets profonds sur notre psychologie : si certains affirment avoir profité de cette retraite forcée, d'autres ont eu hâte de rompre l'isolement. La conférencière et spécialiste en psychologie positive Florence Servan-Schreiber a livré, mercredi sur Europe 1, ses conseils pour aborder au mieux ce retour à la vie à l'approche de l'été.

Est-ce que le déconfinement n'est pas l'occasion de se recentrer sur soi ?

C'est essentiel ! Il faut commencer par là, sinon on n'a pas d'énergie à donner aux autres. Quand on a vécu sans arrêt avec ses enfants, on peut peut-être s'organiser avec quelqu'un de son entourage pour se les partager de temps en temps. Comme ça, on récupère un peu de temps pour soi. C'est ce que l'on appelle le "me time". Cela n'a pas besoin de durer longtemps mais il faut absolument prévoir cela pour ressentir à nouveau ce dont on a envie. On est quand même beaucoup dans les devoirs et la routine : beaucoup de gens continuent de travailler et on ne fait plus la différence entre les jours travaillés ou non. Il faut retrouver des repères, des moments sans rien. C'est la naissance de nouvelles envies.

Quelles sont les méthodes de psychologie positive qui fonctionnent ?

Il faut regarder notre journée et se dire : "Depuis ce matin, quelles sont les trois choses pour lesquelles j'ai envie de dire 'merci' ?" Cela peut être un rayon de soleil, un texto que vous venez de recevoir proposant d'aller en terrasse ce week-end. Il faut s'émerveiller des choses banales. Si on ne le fait pas volontairement, il est probable que vu l'état dans lequel nous sommes actuellement, nous allons passer à côté de pas mal de choses. On a tellement sollicité le négatif ces dernières semaines que cela demande un effort conscient pour reprendre cette réflexion : "qu'est-ce qu'il y a de bon ?"

Est-il important de programmer des moments de sociabilité, comme des visites avec des amis ?

Reprenons les choses petit à petit ! Ce n'est pas nécessairement la peine d'organiser une grosse fête. Cela va provoquer des chocs, même si c'est sans doute dans le bon sens du terme, de retrouver ces gens qui nous ont manqué parce que l'on a des choses à rattraper. Faisons-le avec attention ! A chaque fois que j'ai retrouvé mes meilleures copines, j'ai pleuré pendant 24 heures. C'est comme si cela avait remué quelque chose : j'avais tenu bon, tenu bon... et tout d'un coup je ressentais une très grande vulnérabilité. Cela fragilise sur le moment. C'est un choc positif mais, néanmoins, souvenons-nous de cette sortie de confinement, traitons la comme un moment exceptionnel. C'est un cadeau de pouvoir se retrouver.

Beaucoup de personnes ont pris du poids pendant le confinement, faut-il commencer un régime ?

On peut aussi se rendre compte que tout cela est temporaire. Nous avons été très inactifs physiquement, cela va se remettre à bouger naturellement. Moi, je serais pour que l'on se "foute la paix". On a quand même pas mal enduré, commençons par kiffer : qu'est-ce que j'aime faire ? Qui j'aime voir ? On commence par ce qui nous remplit et nous anime et après, naturellement, on perdra du poids.