Alzheimer : un traitement à base de lithium pourrait-il lutter contre la maladie ?

Le 6 août dernier, la revue scientifique Nature a publié une étude sur les effets prometteurs du lithium sur la maladie d’Alzheimer, ouvrant une potentielle nouvelle piste vers un remède pour soigner les 55 millions de personnes atteintes par cette pathologie.
Une avancée scientifique très encourageante. Une équipe de chercheurs de la Harvard Medical School aurait découvert des effets prometteurs du lithium dans notre cerveau pour lutter contre la maladie d'Alzheimer, en expérimentant sur des souris. Des résultats publiés dans la revue scientifique Nature.
Touchant plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde, la maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative, entraînant la perte des fonctions mentales et de la mémoire de la personne touchée. Les malades perdent toute lucidité, indépendance, et parfois toute motricité pour les cas les plus graves. En cause, une accumulation des protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau et la chute de la protéine protectrice “REST” qui provoquent des anomalies cérébrales.
Des tests sur les souris mais pas les hommes
Malgré la gravité de la maladie, les chercheurs peinent à trouver un remède : mais cette récente découverte pourrait permettre de dégager une piste. Utilisé pour les troubles schizophrènes et dépressifs sévères, le lithium avait déjà prouvé ses effets pour contrer le vieillissement du cerveau des patients atteints de troubles bipolaires.
Ici, les chercheurs se sont intéressés au rôle des métaux sur le fonctionnement du cerveau, et se sont interrogés sur la présence desdits métaux chez les personnes atteintes d’Alzheimer. Naturellement présent dans le cerveau, le lithium est essentiel pour ralentir la perte de mémoire. Les chercheurs ont alors découvert que, “de tous les métaux étudiés, un seul, le lithium, a montré des concentrations significativement réduites dans le cortex préfrontal des souris atteintes de troubles cognitifs.”
Selon l’équipe de l’école d’Harvard, “ces résultats indiquent que l'homéostasie endogène du lithium est perturbée dans le cerveau atteint.” En clair, la régulation du lithium par le cerveau est dysfonctionnelle. Or, sans lithium, les marqueurs d’Alzheimer et les pertes cognitives se sont installés chez les souris.
Des effets qui ont ensuite été stoppés voire inversés lorsque les scientifiques leur ont donnés des sels de lithium. Selon l’étude, l’un des sels nommés “orotate de lithium” permet d’emprisonner les protéines bêta-amyloïdes et de protéger le cerveau de la maladie et d’en inverser les dommages. Dans certains cas, les chercheurs affirment que la mémoire abîmée des souris a été “restaurée” grâce à ce régime au lithium.
Un nouveau traitement bientôt commercialisé ?
De quoi fasciner Bruce Yankner, professeur de génétique et neurologie. Il a déclaré dans un communiqué de l’université d’Harvard être “le plus impressionné” par “l’effet généralisé du lithium sur les différentes manifestations de la maladie d’Alzheimer. Je n’ai jamais rien observé de tel depuis que je travaille sur cette maladie.”
Il a également souligné que “cet effet sur une variété de manifestations de la maladie est une des trouvailles les plus importantes de notre recherche.” Ces résultats prometteurs sur les souris ne permettent pas de dire qu’un traitement miracle a été trouvé contre Alzheimer : des essais cliniques doivent également être conduits sur des humains, mais n’ont pas été commandés pour l’heure.
Ces essais pourraient durer 18 mois, la durée de suivi standard observée par la communauté scientifique, auxquels s'ajouteront deux autres années de test. Néanmoins, la nouvelle reste célébrée par Philippe Amouyel, médecin et directeur général de la Fondation Alzheimer.
“On avance de plus en plus vers un modèle où on ne guérira pas la maladie, mais dans lequel des armes thérapeutiques nous permettront de ralentir voire suspendre sa progression, et de faire en sorte que les malades puissent vivre avec le mieux possible”, a-t-il confié au journal Libération.