Vœux d'Emmanuel Macron : "Il maintient le cap, ce qui suppose une forme de radicalisation"

Emmanuel Macron s'est exprimé pendant un quart d'heure lundi soir.
Emmanuel Macron s'est exprimé pendant un quart d'heure lundi soir. © Michel Euler / POOL / AFP
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Invité d'Europe 1, le politologue et sondeur Jérôme Sainte-Marie décrypte les vœux d'Emmanuel Macron et y voit une forme de "radicalisation" du chef de l'État.
INTERVIEW

"Moralisateur" pour les uns, "courageux" pour les autres : Emmanuel Macron a de nouveau divisé la classe politique française à l'occasion de ses traditionnels vœux de fin d'année, diffusés lundi soir à la télévision. Mais au-delà des clivages partisans, que retenir du fond de son message ? "Il avait deux possibilités : soit il apaisait les choses et annonçait une forme de pause ; soit, et c'est ce qu'il a fait, il maintenait le cap. Dans l'état d'impopularité où il se trouve, cela suppose une forme de radicalisation", analyse, pour Europe 1, Jérôme Sainte-Marie, politologue et président de la société de sondages PollingVox.

Le choix de la base. Selon lui, le discours du chef de l'État "ressemblait beaucoup moins à des vœux qu'à un programme de campagne". "Emmanuel Macron et ses conseillers ont fait le choix de maintenir la cohésion de sa base, les 24% qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle et les 27% qui sont encore satisfaits de son action aujourd'hui. C'est un groupe minoritaire mais cohérent, plutôt élitaire socialement, à l'antithèse des 'gilets jaunes'", estime Jérôme Sainte-Marie. "Le président considère qu'avec ce soutien d'un quart des Français et la puissance de l'État et ses institutions, parfois répressives, il peut diriger l'État et continuer à réformer à ce rythme."

Entendu sur europe1 :
La critique se focalise directement sur la personne du chef de l'État

Emmanuel Macron a aussi longuement insisté sur les violences qui ont émaillé les manifestations des "gilets jaunes". Le chef de l'État a vivement dénoncé ceux qui s'en prennent "aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels". "C'est tout simplement la négation de la France. Le peuple est souverain, il s'exprime lors des élections (…) L'ordre républicain sera assuré sans complaisance", a-t-il martelé. Ce qui fait dire à Jérôme Sainte-Marie qu'Emmanuel Macron compte s'appuyer sur "des institutions policières et judiciaires fortes". "Il a clairement fait comprendre que toute forme de débordement serait punie avec une extrême sévérité", note le politologue.

Un "durcissement du pouvoir". Jérôme Sainte-Marie souligne également que le président à évoqué le "contrôle de l'information, avec son long développement sur les fake news qui laissait clairement entendre que l'information sera désormais plus contrôlée". "C'est un durcissement du pouvoir qui laisse présager de futurs conflits sociaux," avance le président de la société de sondages PollingVox.

Emmanuel Macron peut donc s'attendre à une opposition de plus en plus vive face à son action. "Plus de 60% des Français considèrent actuellement que les réformes se font contre leur intérêt. Cela va donc plus loin qu'une attente de résultats. Il y a vraiment le sentiment que les mesures ne profitent pas à la majorité de la population, notamment les personnes les plus modestes", explique Jérôme Sainte-Marie. "Et puis la critique se focalise à présent directement sur la personne du chef de l'État, le climat envers lui est délétère."