Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et Sénateur de Vendée 1:08
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Mathilde Durand , modifié à
Le président du groupe LR au Sénat explique au micro de Sonia Mabrouk pourquoi Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, est dans le viseur de la commission d'enquête sénatoriale. Il déplore également une culpabilisation des Français, "que l'on rend systématiquement responsables de la moindre reprise épidémique".
INTERVIEW

Peut-on encore sauver les fêtes de fin d'année ? Le Premier ministre Jean Castex doit annoncer ce jeudi les arbitrages du gouvernement quant à l'allégement du confinement, prévu initialement lundi 15 décembre. L'objectif fixé des 5.000 nouveaux cas de Covid-19 par jour est loin d'être atteint : le dernier bilan des autorités sanitaires faisait état de plus de 14.000 contaminations recensées en 24 heures. Un report d'ouverture des salles de cinéma ou de théâtre - ou encore un couvre-feu - sont envisagés. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et sénateur de Vendée, déplore jeudi sur Europe 1 la gestion de l'exécutif. 

"Arrêtez de culpabiliser les Français", lance-t-il au gouvernement. "J'en ai marre que l'on rende systématiquement responsables les Français de la moindre reprise épidémique. Les Français font preuve de civisme, sans doute peut-il y avoir eu du relâchement, il faut le combattre. Mais la vérité c'est que depuis le premier confinement, le gouvernement a fait beaucoup trop peu pour contrôler cette épidémie."

"La seule façon, et ce sont les pays d'Asie et d'Europe qui ont réussi à contrôler l'épidémie qui nous montrent l'exemple, c'est de tester", assure le sénateur LR. "Là encore sur le traçage, c'est un fiasco. Il faut faire comme les Japonais : essayer de trouver les super-contaminateurs, responsables de 80 à 90% des contaminations. Et l'isolement, il n'y en a pas." Il prend comme exemple l'Allemagne, pays frontalier qui vient de décider de nouvelles restrictions jusqu'à la mi-janvier, qui selon lui "réussit à casser les chaînes de contamination".

Jérôme Salomon, dans le viseur de la commission d'enquête

Pour l'élu LR, "l'antidote, c'est la confiance". "Est-ce que le gouvernement peut inspirer la confiance pour que les Français se mobilisent ?", s'interroge Bruno Retailleau. "Notre commission d'enquête au Sénat vient de révéler un fait extrêmement grave : le fait que Jérôme Salomon, patron de la Santé publique, ait influé sur un rapport d'expertise sur le fameux stock de masques. C'est grave". 

La commission d'enquête du Sénat, chargée d'évaluer la gestion de l'épidémie de Covid-19, doit rendre ses conclusions ce jeudi et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon est dans le viseur des sénateurs, qui ont en leur possession un échange de mails, preuve d'une "interférence", selon Bruno Retailleau. "Jérôme Salomon a fait pression sur un comité d'experts pour que celui là modifient ses conclusions en matière de stocks de masques". "On lutte contre l'épidémie avec une volonté politique, une vraie stratégie mais aussi en inspirant confiance. Cette confiance a été rompue avec les Français", ajoute-t-il. 

Si les accusations portées à l'encontre de Jérôme Salomon sont avérées, Bruno Retailleau demande à ce que le gouvernement "en tire les conséquences". "Le Sénat a fait le travail, comme l'Assemblée nationale", assure-t-il. "Chaque crise joue comme un révélateur. Cette crise aura révélé une sorte de toute puissance de la bureaucratie française, qui se protège."

Plus de tests, un isolement accompagné

Pour améliorer la situation épidémique, Bruno Retailleau expose plusieurs mesures urgentes, selon lui. "Je prendrai comme décision sur le dépistage de faire en sorte d'utiliser plus largement un test de dépistage PCR salivaire, en 40 minutes. Je prendrai la décision d'aller chercher, comme au Japon, les super contaminateurs, d'isoler, de réquisitionner les hôtels. De faire en sorte que l'on puisse avoir non pas un isolement obligatoire mais accompagné", assure le président du groupe LR au Sénat. "Nous avons voté au Sénat une mesure que j'ai soutenue, le fait qu'il n'y ait pas de jours de carence, pour que ceux qui acceptent l'isolement puissent rester chez eux sans perdre des revenus. C'est ce que je demande au gouvernement de faire."

Il soutient également la vaccination. "Je me ferais vacciner en temps et en heure, s'il faut montrer l'exemple je le ferais. Ce n'est pas pour moi, c'est pour protéger les autres, pour casser cette chaîne de contamination", assure-t-il, déplorant les souffrances sociales et économiques causées par les deux périodes de confinement. Le sénateur LR attend le gouvernement sur la logistique de ces campagnes de vaccinations. "Je pense qu'il doit travailler plus avec les collectivités locales, avec le privé", assure Bruno Retailleau.