Les députés Nupes, mais également RN et LR, ont applaudi à l'annonce du rejet de l'index seniors proposé par le gouvernement. 1:17
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Alexis Delafontaine avec AFP
Après trois jours de débats à l'Assemblée nationale, les députés ont rejeté ce mardi l'article 2 du projet de réforme des retraites, qui prévoyait la création d'un "index seniors" dans les entreprises. Un revers difficile pour le gouvernement, mais qui ravi les oppositions, notamment la Nupes, le Rassemblement national et Les Républicains.

L'Assemblée nationale a rejeté mardi soir l'article 2 du projet de réforme des retraites qui prévoit la création d'un "index seniors" dans les entreprises, un revers important pour le gouvernement et la majorité présidentielle dans cet examen compliqué. Coup de théâtre du fait du rapport de forces dans l'hémicycle : cet article 2, qui a été débattu durant trois journées, a été repoussé par 256 voix contre 203, et 8 abstentions.

La Nupes, qui a accueilli ce résultat par des vivats et des chants, ainsi que les groupes LR et RN, se sont prononcés contre cet index, devant permettre d'améliorer l'emploi des salariés âgés, mais perçu comme inefficace. "Camouflet sévère", "coup de semonce" pour l'exécutif : les députés s'opposant au projet de réforme ont applaudi ce vote sur Twitter, au 6e jour de séance dans une ambiance encore tendue.

 

"Ce soir, toute la gauche et le FN célèbrent le fait de supprimer" cet index, a déploré pour sa part le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui les a traités de "Tartuffe". Cette défaite pour le camp présidentiel se profilait en raison de la défection de la droite, dont les voix sont nécessaires aux macronistes pour atteindre la majorité absolue.

Un index "inadapté aux réalités des PME"

Les députés LR, envers qui la Première ministre avait pourtant plus tôt accompli un geste en effectuant des nouvelles concessions sur les carrières longues, considèrent que l'index est "inadapté aux réalités des PME" et qu'il ne va "pas améliorer le taux d'emploi des seniors". Ils plaidaient pour des incitations aux entreprises. L'index pourra peut-être toutefois être réintroduit dans la suite de la navette parlementaire.

Le gouvernement souhaite le rendre obligatoire dès novembre 2023 pour les entreprises de plus de 1.000 salariés, pour celles de plus de 300 salariés à partir de juillet 2024, et celles de plus de 50 salariés à partir de juillet 2025, ce dernier seuil ayant été ajouté par des amendements venus de tous les bancs. Les employeurs doivent être passibles de sanctions financières en cas de non-publication de cet index, mais aucune obligation de résultat n'a été fixée en termes d'emploi des seniors.

Une proposition Renaissance pour une contrainte, qui avait le soutien du ministre du Travail, avait été rejetée plus tôt par l'Assemblée nationale. Le groupe LR s'était prononcé contre, et le groupe Horizons allié de la majorité s'était partagé. Il s'agissait d'imposer une obligation de négociation d'un accord d'entreprise en cas de détérioration des résultats en matière d'emploi des seniors, sous peine de pénalités.

Plus de 14.000 amendements encore à examiner

"Ça ressemble à un sketch", avait raillé le patron du PCF Fabien Roussel, qui n'en attendait aucun effet concret. Plus généralement, la gauche considère l'index comme "une coquille creuse" ou "un couteau sans manche qui aurait perdu sa lame". "Pourquoi n'avez-vous pas commencé par une loi sur le vieillissement au travail, l'emploi des seniors pour conclure s'il fallait ou non une réforme des retraites?", a demandé Boris Vallaud (PS).

Aurélien Pradié (LR) avait pointé le risque "d'inconstitutionnalité" de l'index, un "cavalier" législatif qui n'a selon lui pas sa place dans un texte budgétaire, comme celui choisi par le gouvernement pour passer sa réforme des retraites. Plus de 14.200 amendements restent à examiner d'ici vendredi soir, et 18 articles du projet de loi.