Hubert Falco 1:00
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Louis de Raguenel avec AFP , modifié à
Le maire de Toulon Hubert Falco a décidé de quitte LR face au "rétrecissement de la ligne" du parti. Un choix qui relance la polémique sur la position des Républicains pour les régionales en Paca. D'autant qu'il pourrait être suivi par le départ de Christian Estrosi. De leur côté, la macronie et le RN sont à l'offensive.

La droite pensait avoir calmé le jeu mardi en accouchant aux forceps d'une position de principe sur les régionales en Paca. Celle-ci rejette toute alliance avec LREM et toute présence d'un ministre ou parlementaire de la majorité sur ses listes. "Le Premier ministre a reçu une gifle qui, à mon avis, a eu des résonances jusqu'à l'Élysée", s'est félicité le président de LR Christian Jacob tôt mercredi matin. Une victoire de courte durée puisque Hubert Falco, le maire de Toulon relance la polémique en quittant le parti dont il déplore le "rétrécissement" de la ligne.

Le maire de Toulon tacle une décision "irresponsable"

Le maire LR de Toulon Hubert Falco, considéré comme Macron-compatible et qui défendait l'accord Muselier-LREM a en effet annoncé son départ des Républicains en déplorant le "rétrécissement" de sa ligne. "Ne pas être favorable à l'union, alors que la menace de l'arrivée au pouvoir du Rassemblement national n'a jamais été aussi forte, revient à faire son jeu", a expliqué Hubert Falco, en allusion aux sondages qui donnent le RN emmené par Thierry Mariani en tête des sondages au premier tour.

Face à ce constat, il juge également "irresponsable" de "condamner sans équivoque tout soutien dans une région politiquement aussi sensible". "Je ne renie rien, je ne critique rien, mais je décide de reprendre ma liberté. Je quitte donc le parti Les Républicains", a-t-il affirmé dans un communiqué, au lendemain de la réunion où le parti a exclu tout accord avec LREM pour les régionales en Paca.  Il estime également ne devoir "rendre des comptes" qu'à ses électeurs. 

"Dans le contexte si difficile que traverse actuellement notre pays, les procès d’intention et les agitations du microcosme LR au niveau parisien me semblent bien dérisoires et déplacés", ajoute M. Falco, en déplorant les "polémiques stériles, à l’heure où notre pays et notre territoire ont plus que jamais besoin de confiance, de concorde et d’union".

Des ambiguïtés persistantes chez Muselier

Le président LR sortant de la région Paca Renaud Muselier avait déjà jeté le trouble mercredi matin en se disant prêt à accueillir la secrétaire d'Etat LREM Sophie Cluzel si elle démissionnait de son poste. Une hypothèse rejetée par Christian Jacob: "madame Cluzel n'a pas de place sur nos listes, cela a été tranché hier sans ambigüité".  Le patron de LR le sait : à un an de la présidentielle Jean Castex "a voulu faire un test de ces régionales sur la recomposition politique". Mais "ce n'est pas là l'ordre du jour, ça ne le sera pas", a assuré Christian Jacob, alors que l'entreprise de dépeçage se poursuit du côté de la majorité.

Mardi soir, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait réaffirmé qu'il y aurait "bien sûr" des candidats LREM sur la liste en Paca. Une hypothèse balayée par les ténors de LR, qui vilipendent la "capacité de nuisance" de LREM "incapable de porter un projet régional sous (ses) couleurs".

Une source interne à LREM s'interrogeait alors : "Les barons du sud, Estrosi, Falco, Vassal, vont-ils se satisfaire de ce qui s'est passé hier ?" Plusieurs proches du président de la République, contactés par Europe 1 mercredi, affirment que le départ de Christian Estrosi n'est plus qu'une question de jours. Pas d'hémorragie pour l'instant mais des figures qui quittent le navire, sans pour autant rejoindre LREM.

LREM et le RN à l'offensive

Plusieurs ministres ont raillé depuis le début de la semaine les "deux droites irréconciliables", républicains d'une part et la droite proche du RN de l'autre. Car derrière l'accord en Paca, un autre, passé avec un cadre départemental de Debout la France en Bourgogne-Franche-Comté, fait aussi grincer des dents en interne. Le patron des députés Damien Abad et le président du Sénat Gérard Larcher l'ont critiqué mercredi.

L'offensive de la majorité risque de se poursuivre à l'approche des élections de juin: après Gérald Darmanin aux départementales dans le Nord, c'est le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti qui est pressenti pour les régionales.

Le RN profite aussi de la situation pour tendre la main aux électeurs des Républicains, et à certains cadres. Thierry Mariani a ainsi estimé que les différences entre ses positions et celles d'Eric Ciotti étaient faibles tandis que le numéro deux du RN Jordan Bardella a estimé qu'il y avait dans son parti "beaucoup de points communs avec l'électorat" des Républicains, les "LR d’en bas", qu’il distingue des "LR d’en haut qui vont à la soupe avec Emmanuel Macron".