Quand Marine Le Pen endosse le costume de Donald Trump

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
L'ex-présidente du FN utilise contre Emmanuel Macron un argumentaire déjà employé par Donald Trump face à Hillary Clinton.

Marine Le Pen lance une campagne de démobilisation ! La démobilisation par le dénigrement de son adversaire. Le candidat de la finance, de l’arrogance, de l’argent roi, le candidat du show-biz, le candidat de la mondialisation, le candidat des patrons et du CAC 40, le candidat de la continuité. Emmanuel Macron, c’est François Hollande puissance 10, puissance 100, puissance 1000, selon les discours.

Faire baisser le vote Macron... Plutôt que de se prendre les pieds dans la sortie de l’Euro à laquelle personne ne comprend rien, y compris parmi ses propres troupes, Marine Le Pen tente de dégoûter les électeurs d’Emmanuel Macron, de les inciter, à défaut de voter pour elle, à ne pas voter pour lui en le démolissant, et notamment sur sa capacité à incarner la fonction présidentielle d’avantage préoccupée, dit-elle, à définir le statut de la Première dame qu’à lutter contre le terrorisme.

... la technique du camp Trump avec Clinton. On a souvent fait la comparaison entre la campagne française et la campagne américaine, Marine Le Pen elle-même a souvent cité la victoire de Donald Trump en exemple. Or, lui-aussi a dénigré son adversaire Hillary Clinton. Hillary la folle, l’infidèle, la méchante, la déloyale. À côté de Donald Trump, Marine Le Pen est une aimable dentellière. Mais elle utilise bien les mêmes ressorts que ceux qui ont contribué à faire gagner Trump en faisant perdre sa rivale, présentant Clinton comme la candidate de l’establishment new-yorkais, l’héritière d’une dynastie, d’une Amérique qui va bien. Les attaques de Trump ont porté.

Les insoumis et le front républicain. Il a manqué à Hillary Clinton une partie des électeurs démocrates qui ne sont pas allés voter : les minorités noire et latino. Mais aussi et surtout, les électeurs de Bernie Sanders, son adversaire à la primaire démocrate, plus à gauche qu’elle et qui séduisait un électorat jeune, exactement comme Jean-Luc Mélenchon à la gauche d’Emmanuel Macron. Ces insoumis ne se sentent rien de commun avec le candidat d’En Marche!. Marine Le Pen fait du Trump, elle s’adresse à ces électeurs de gauche et aussi ceux de droite qui hésitent à se déplacer pour replâtrer le front républicain.