Dans certains département, le Rassemblement national ne pourra pas déposer plus de trois listes pour les municipales. (Image d'illustration) 2:30
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Justin Morin, édité par Romain David , modifié à
À l'approche des élections municipales, le Rassemblement national peine à recruter des candidats, y compris dans les petites communes qui lui ont pourtant été favorables lors des européennes. En cause notamment : un scrutin peu politisé lors duquel afficher une certaine couleur politique pourrait nuire aux candidats.
ENQUÊTE

Des urnes aux candidatures, il y a parfois un gouffre. Des millions d'électeurs ont voté pour le Rassemblement national lors des dernières élections européennes. Ce vote a parfois atteint les 40% dans certaines communes rurales. Et pourtant, à l’approche des municipales, le parti de Marine Le Pen peine à recruter des candidats dans ces mêmes campagnes.

À Ancerville, une petite commune de 3.000 habitants dans la Meuse, le RN a glané plus de 47% des suffrages aux européennes. Un chiffre record. Il n’empêche, personne ne se présente à la mairie, au grand dam de certains habitants. "Par rapport au score qu’ils font, je suis étonnée qu’il n’y ait pas de liste", confie une Ancervilloise. "Tout le monde se plaint, mais personne ne veut se mouiller", renchérit un riverain. "J’aimerais bien me présenter, mais après on est catalogué, taxé de racisme…", explique un soutien du RN. "Marine Le Pen nous défend bien, c’est agréable. Mais ici, c’est un petit village, on connait déjà le maire, c’est un peu différent", argue une autre sympathisante.

Une étiquette "divers droite"

Finalement, une seule liste RN est en mesure de se présenter dans le département de la Meuse. Même constat dans la Somme, dans les Ardennes ou en Haute-Marne où le parti ne dépasse pas les trois listes, malgré ses scores en mai dernier. Dans les douze départements où Marine le Pen a fait plus de 30% au premier tour de la présidentielle, soit le parti est déjà implanté avec des élus locaux, comme dans le Pas-de-Calais ou dans le Var, soit il peine à trouver des représentants susceptibles d’assumer leur appartenance au RN, comme dans la Meuse. Face à ce genre de situation, il semble que l’étiquette "divers droite" puisse faciliter les choses.

"Afficher une couleur pourrait déplaire aux habitants"

Du côté du parti, on dédramatise, puisque même sans l'étiquette, il y aura bien des élus proches du RN sur des listes de rassemblement, assure Gilles Pennelle, le directeur de campagne. "On a énormément de petites communes où le scrutin n’est pas politisé et où afficher une couleur pourrait déplaire aux habitants", argue-t-il. "Nous poussons nos amis à faire partie des listes qui mettent en avant l’intérêt de leur commune avant les intérêts partisans." Surtout, le RN se projette avec gourmandise sur les élections départementales et régionales de 2021. Là, il aura besoin de beaucoup moins de candidats qui assument l'étiquette RN.