Loi Duplomb : «C'est la fin de l'agriculture», après la décision du Conseil constitutionnel, les exploitants enragent
Ce jeudi, le Conseil constitutionnel a censuré la mesure la plus contestée de la loi Duplomb, la réintroduction de l'acétamipride, un pesticide dont la dangerosité chez l'humain fait débat, mais n'a pas été totalement prouvée malgré son interdiction depuis 2018. Une décision qui enrage les exploitants.
C'était une décision très attendue par le monde agricole. Le Conseil constitutionnel a censuré ce jeudi la réintroduction de l'acétamipride, un pesticide interdit depuis 2018 et dont la toxicité n'a pas été totalement prouvée. Un choix qui agace les agriculteurs.
"On ne pourra pas tenir"
Le Conseil constitutionnel a estimé que cette mesure aurait des incidents sur la biodiversité et pourrait engendrer des risques pour la santé humaine. Le retour de l'acétamipride était réclamé par les syndicats agricoles et notamment les producteurs de prunes, de betteraves et de noisettes. Cette censure provoque des inquiétudes.
"On va se poser des questions sur notre avenir, qu'on soit en bio ou en conventionnel. On ne pourra pas tenir parce que la baisse des rendements sera telle que, financièrement, économiquement, ça ne tiendra pas. Donc c'est la fin de l'agriculture", lâche Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale.
La molécule de la famille des néonicotinoïdes est autorisée dans tous les pays de l'Union européenne, ce qui pourrait avoir des conséquences à terme sur la souveraineté alimentaire de la France.
"On a plus rien pour défendre notre production"
"C'est peut-être demain aller vers une agriculture qui sera de plus en plus industrielle. On aura plus d'importations, moins de contrôles, plus de problèmes de santé, plus de problèmes d'environnement et on n'aura pas une alimentation moins chère. Donc on aura tout faux", assure-t-elle.
La présidente du syndicat agricole réclame désormais que le gouvernement assume jusqu'au bout en contrôlant et en interdisant l'importation de fruits et légumes traités par ce pesticide dans les autres pays européens.
"Pour ma production de noisettes, c'était une potentielle arme pour pouvoir lutter contre le balanin et la punaise diabolique, les deux ravageurs que l'on a dans nos vergers. Le problème, c'est qu'à ce jour, nous n'avons plus d'armes contre ces deux ravageurs. Depuis quatre ans, les populations de punaises augmentent, les dégâts augmentent progressivement et 2024 a été une très mauvaise année en termes de qualité de récolte", explique Grégory Bordes, secrétaire de la coopérative Unicoque et producteur de noisettes.
"Aujourd'hui, sans ces solutions de protection, on a plus rien pour défendre notre production. Ce qu'on demande, c'est en responsabilité et en cohérence, étant donné qu'aujourd'hui nous n'avons pas accès à l'acétamipride, à ce moment-là, il faut nous financer vite et fort la recherche. Pour cela, il faut des moyens financiers pour déployer des moyens humains sur le terrain pour faire avancer ces solutions", conclut-il.