Islamisme radical : le Sénat vote une proposition constitutionnelle de la droite, contre l'avis du gouvernement

Le gouvernement est contre ce texte, le jugeant inefficace.
Le gouvernement est contre ce texte, le jugeant inefficace. © AFP
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avec AFP , modifié à
Le Sénat a voté lundi en première lecture, par 229 voix pour et 23 abstentions, une proposition de loi de sa majorité de droite contre l'islamisme radical, afin d'inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République, contre l'avis du gouvernement qui juge le texte inefficace.

Contre l'islamisme radical, le Sénat a voté lundi une proposition de loi de sa majorité de droite afin d'inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République, contre l'avis du gouvernement qui juge le texte inutile. La proposition de loi, adoptée en première lecture par 229 voix pour et 23 abstentions - sans vote contre en l'absence de la gauche - a peu de chances de poursuivre son parcours parlementaire. Pour être adoptée définitivement, il faudrait en effet qu'elle soit votée dans les mêmes termes par l'Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle, et ensuite approuvée par référendum.

"Ce texte ne pourra résoudre quoi que ce soit"

Or, trois jours après la décapitation dans les Yvelines de Samuel Paty, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a estimé que "ce texte-là, même si l'intention est plus que louable, ne pourra résoudre quoi que ce soit". Le texte avait été inscrit à l'ordre du jour bien avant l'assassinat de ce professeur d'histoire qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet.

"La République est en danger, comme elle l'a rarement été" et "une fois encore, il nous faut rester unis, et déterminés", a plaidé le président du Sénat Gérard Larcher (LR), avant d'inviter à un moment de recueillement, en ouverture. "Le moment nous oblige à travailler ensemble", a invité Eric Dupond-Moretti, qui a cependant repoussé le texte de l'ancien président de la commission des Lois Philippe Bas (LR), du patron des sénateurs de droite Bruno Retailleau et du président du groupe centriste Hervé Marseille.

Eric Dupond-Moretti "pas convaincu par la rigueur juridique de la proposition"

Le garde des Sceaux a opposé que "la prééminence des lois de la République, qui peut-être contre ? [...] Cette évidence ne touchera jamais les forces haineuses de l'obscurantisme, et la forme moderne qu'il prend aujourd'hui avec le visage de l'islamisme". Mais il n'est "pas convaincu par la justesse, la rigueur juridique et l'utilité de la proposition" sénatoriale, qui pourrait même remettre en cause le régime concordataire d'Alsace-Moselle ou des dérogations alimentaires pour les juifs ou musulmans.

Le premier article entend consacrer, à l'article 1er de la Constitution, le principe selon lequel "nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s'exonérer de la règle commune". Le second article fait obligation aux partis politiques de respecter le principe de laïcité, au même titre que les principes de souveraineté nationale et de démocratie, avec l'objectif d'exclure les partis communautaristes des financements publics prévus pour les candidats aux élections.