"Gilets jaunes" : le plan de crise présenté aux députés mercredi

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avec AFP , modifié à
Au lendemain de l'annonce de plusieurs mesures pour apaiser la colère des "gilets jaunes" mardi, le Premier ministre va présenter son plan "sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat" devant les députés. 

L'exécutif défend mercredi son plan de sortie de crise devant l'Assemblée nationale, au lendemain d'annonces visant à apaiser les "gilets jaunes" et à réduire le risque d'un nouveau week-end de violences.

Une déclaration suivie de prises de parole. Le Premier ministre Édouard Philippe doit faire à 15 heures une déclaration "sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat" devant les députés. Elle sera suivie de 3h30 au total d'interventions d'orateurs des groupes politiques, la moitié du temps étant dévolu aux oppositions. La procédure est prévue par la Constitution, mais elle est assez rare, et n'a jamais été mise en oeuvre sur un sujet brûlant d'actualité.

Pour le gouvernement - qui répétera l'opération jeudi au Sénat, cette fois sans vote -, il s'agit d'enfoncer le clou après l'annonce d'un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe carbone, d'un gel des tarifs du gaz et de l'électricité cet hiver, et du renoncement à durcir le contrôle technique automobile avant l'été.

 

Un recul pour l'exécutif. Ces mesures, parmi les plus demandées par les "gilets jaunes", et que presque toute la classe politique - à l'exception des écologistes - préconisait, constituent un recul pour l'exécutif, qui insistait jusqu'à ces derniers jours sur sa détermination à "garder le cap" fiscal de la transition écologique. Emmanuel Macron et son Premier ministre ont fini par considérer qu'elles s'imposaient après trois semaines de blocages dans toute la France, ponctuées par deux samedis émaillés par des scènes d'émeutes, en particulier à Paris.

Macron ne convainc plus. Image troublante sur l'état de tension du pays : le président, cible privilégiée des critiques depuis la première journée de mobilisation contre la hausse des taxes sur les carburants, a été hué et insulté lors d'une visite surprise en fin de journée mardi à la préfecture du Puy-en-Velay, qui avait été incendiée samedi en marge d'un rassemblement de "gilets jaunes". La cote de confiance du chef de l'État s'est effondrée à 23% (-6), selon un sondage Ifop-Fiducial. Selon un conseiller de Matignon, il n'est "pas sûr que l'exécutif ait tout mis sur la table". Quelques cartes, dont une suppression anticipée de la taxe d'habitation, resteraient à jouer.

L'opposition plaide pour un changement politique. Dans l'immédiat, les partis d'opposition continuent de plaider un changement de politique. La présidente du groupe PS à l'Assemblée, Valérie Rabault, a ainsi défendu mardi soir la mise en oeuvre d'une "social-écologie" contre les inégalités. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, relève que "le souci d'apaisement d'Édouard Philippe tranche avec l'obstination affichée il y a encore quelques jours. Mais après trois semaines de tensions et de violences, l'heure n'est plus à la demi-mesure". Pour l'Insoumis François Ruffin, les mesures annoncées, "ça ne répond pas au mal de vivre".

La crainte de nouvelles flambées de violences. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a invité "les gilets jaunes raisonnables" à ne pas se rassembler à Paris samedi, et a promis d'accroître la mobilisation des forces de l'ordre en France. Les Républicains demandent le retour de l'état d'urgence, "seule mesure" qui permettrait selon eux de prévenir le retour des violences. Le gouvernement craint aussi une extension de la colère à d'autres secteurs. Mardi, de nouveaux incidents ont éclaté devant des lycées de la région parisienne, et Marseille reste particulièrement touchée.