Raphaël Schellenberger 1:21
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Jonathan Grelier , modifié à
Dans la nuit de vendredi à samedi, le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, a été arrêté. "Il n'y aucune raison technique, scientifique, ni même énergétique qui aurait dû conduire à l'arrêt de la centrale", s'insurge le député du Haut-Rhin Les Républicains Raphaël Schellenberger samedi sur Europe 1.
INTERVIEW

Malgré les menaces de désobéissance évoquées par certains salariés, l'arrêt du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, a eu lieu comme prévu dans la nuit de vendredi à samedi. L'évacuation du combustible de la centrale devrait, elle, être achevée en 2023. La phase de démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière, devrait ensuite s'étaler entre 2025 et 2040 a minima. "L'État abandonne complètement l'Alsace", dénonce samedi sur Europe 1 Raphaël Schellenberger. En amont de l'arrêt du réacteur, le député Les Républicains (LR) du Haut-Rhin avait demandé aux salariés "pardon pour ce choix irresponsable dont vous êtes les premières victimes".

"Une décision cynique et politique"

"C'est une décision cynique, politique, qui aujourd'hui vient, par la signature d'un décret du Premier ministre et de la ministre de l'Écologie, de supprimer d'un seul coup 2.000 emplois, de toucher 2.000 familles qui vont devoir quitter le territoire, d'asphyxier tout un territoire, dont le marché de l'immobilier, le commerce de proximité et tous les services vont progressivement disparaître", s'indigne le député alsacien.

"Ce qu'on a compris avec le déplacement d'Emmanuelle Wargon [secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire] et d'Elisabeth Borne [ministre de la Transition écologique et solidaire] hier dans le Haut-Rhin, c'est que ce n'est pas l'Etat qui va mettre l'argent pour reconvertir le territoire. Ce sont les contribuables locaux, les collectivités locales, la bonne volonté des Alsaciens qui devront se débrouiller avec leurs propres moyens pour rebondir", juge-t-il, estimant le coût de la fermeture de la centrale à "au moins un milliard d'euros" pour l'Etat rien que pour l'indemnisation d'EDF.

Un projet de Technocentre sur place

Pour Matignon, la fermeture de la centrale "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France, qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable. Lors de son déplacement en Alsace, Elisabeth Borne a par ailleurs confirmé le projet de "Technocentre" qui sera consacré aux déchets métalliques sur le site de la centrale après sa fermeture, même sans soutien allemand. La ministre de la Transition écologique avait aussi promis qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi" après la fermeture de la centrale.

Des annonces qui n'ont pas convaincu Raphaël Schellenberger. "Ce qui s'est passé cette nuit, c'est la mise en application par Emmanuel Macron d'une promesse de François Hollande, pour ceux qui auraient encore un doute sur ce qu'est ce pouvoir. Les promesses de François Hollande sont mises en application par Emmanuel Macron. Ce n'est rien d'autre que ça qui s'est passé cette nuit. Il n'y aucune raison technique, il n'y a aucune raison scientifique, ni même énergétique qui aurait dû conduire à l'arrêt de la centrale, si ce n'est cette raison politique d'accord électoral", critique-t-il, vantant "une centrale qui fait l'objet depuis des années de félicitations de la part de l'Autorité de sûreté nucléaire et classée parmi les plus sûres de France".

La gestion des déchets, "pas insoluble"

Quant à la problématique de la gestion des déchets nucléaires, Raphaël Schellenberger "ne nie" pas le problème mais "considère qu'il n'est pas insoluble". "Aujourd’hui, je m'offusque que le gouvernement d'Emmanuel Macron ait abandonné le programme de recherche Astrid qui permettait d'envisager dans une ou deux dizaines d'années la construction de centrales qui utilisent les actuels déchets nucléaires comme combustibles et qui in fine, à la fin du cycle, auraient fait qu'il n'y ait plus de déchets nucléaires. C'était la façon de boucler le cycle. Ce gouvernement, celui d'Emmanuel Macron, a abandonné les crédits de recherche sur ce programme", regrette enfin le député.