La centrale de Fessenheim a été mise en service au 1er janvier 1978. 2:54
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édité par Ugo Pascolo , modifié à
Entérinée en milieu de semaine, la fermeture du réacteur numéro 1 de la plus vieille centrale de France est une opération complexe qui prendra plusieurs décennies. De l’évacuation du combustible à la gestion des déchets, Europe 1 a rencontré des spécialistes pour comprendre comment va se dérouler le démantèlement de Fessenheim. 
ENQUÊTE

Après des années de débat, la fermeture de la centrale de Fessenheim est sur le point de commencer. Le gouvernement a entériné définitivement la mesure mercredi : ce samedi à 1h du matin, le premier réacteur de la centrale, mise en service en 1978, va être définitivement mis à l'arrêt. Le deuxième réacteur sera quant à lui arrêté en juin, ce qui mettra un terme à l'activité de Fessenheim. Comment va se passer ce premier démantèlement, qui devra être suivi de 12 autres d'ici 2035 ? et de quelle façon la France va compenser cette perte d'énergie ? Europe 1 a mené l'enquête. 

Un démantèlement qui doit durer 20 ans

C'est un chantier titanesque qui commence ce samedi pour les équipes d'EDF. L'entreprise va mettre pas moins de 20 ans pour démanteler complètement la centrale nucléaire de Fessenheim. Une opération estimée entre 350 et 500 millions d'euros. Une large fourchette qui s'explique par le fait que c'est la première fois qu'EDF s’attelle à un chantier de ce type, aussi ambitieux. Et avant de parler de démantèlement à proprement parlé, il y a une première phase, délicate, qui devrait prendre cinq ans. 

"Il y a une première priorité : c'est l'évacuation du combustible", confirme au micro d'Europe 1 Pierre Bois, de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN). "Une fois qu'il est retiré, le risque d'accident nucléaire est écarté. Cette phase va durer environ trois ans. En parallèle, un certain nombre d'opérations de nettoyage doivent avoir lieu dans le but de vidanger les circuits, faire une première décontamination, et préparer le terrain pour les opérations de démantèlement." 

Une fois évacués, les gravats et les déchets contaminés iront dans des centres de stockage, ou seront enfouis à Bure, dans la région Grand Est, pour les plus radioactifs. Quant au combustible, il partira pour le centre de retraitement de La Hague. 

Vers des "points de tension" énergétique pour les hivers 2022-2023 ?  

Côté énergie, la perte de ces réacteurs ne devrait pas avoir d'impacts jusqu'en 2022, les énergies renouvelables prenant le relais. Sans oublier la possibilité d'importer de l'électricité depuis la Grande-Bretagne ou l'Italie. Mais c'est après cette date que les choses vont être plus délicates. Couplée à la fermeture des dernières centrales à charbon, et le retard pris sur la livraison de la centrale de Flamanville, la production d'électricité devrait baisser au point que "l'on pourrait rencontrer un certain nombre de points de tension", explique Jean-Paul Roubin du réseau de transport d'électricité (RTE).

"Les hivers 2022-2023 sont pressentis sous vigilance", ajoute le spécialiste qui précise également que cela ne "signifie pas qu'il y aura des coupures d'électricité" mais que RTE pourrait être amené à "activer un certain nombre de leviers". Mais pour éviter tout problème, il est possible qu'il soit demandé aux Français de faire attention à leur consommation si ces hivers d'avèrent être rudes.