Jordan Bardella 1:38
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avec AFP // Crédit photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP , modifié à
Lors du meeting de lancement de la campagne des élections européennes, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a fustigé le "grand effacement de la France" qui a été provoqué par "nos dirigeants et l'Union européenne". Il a également visé le "grand effaceur" en la personne d'Emmanuel Macron. 

Jordan Bardella a dénoncé dimanche "l'effacement de la France" en Europe et ciblé le "grand effaceur" Emmanuel Macron, lors d'un meeting à Marseille devant 5.000 personnes, lancement de sa campagne des élections européennes qui entend capitaliser sur une bonne dynamique sondagière.

"Le grand effaceur s'appelle Emmanuel Macron"

Aux abords du stade Vélodrome, la tête de liste du Rassemblement national a été ovationné au son de "Macron démission", "Marine présidente" et "On est chez nous", avec le rare honneur de s'exprimer en dernier, privilège jusqu'alors réservé à la triple candidate malheureuse à l'Élysée. "Ce que nos dirigeants et l'Union européenne ont provoqué, main dans la main, c'est le grand effacement de la France qui se traduit par le recul de la France chez elle, sur son propre sol, mais également en Europe et dans le monde, a-t-il lancé.

"Et le grand effaceur s'appelle Emmanuel Macron". Le candidat âgé de 28 ans a assuré que le 9 juin devait être le "jour 1 de l'alternance", fidèle à la stratégie du parti qui entend faire des Européennes une véritable élection de mi-mandat. "Il n'y pas d'autre option que la victoire", a-t-il insisté. 

 

Marine Le Pen avait ouvert le meeting après une longue déambulation aux côtés de Jordan Bardella au milieu du public, sous une musique assourdissante et une nuée de drapeaux bleu-blanc-rouge. Elle a notamment dénoncé le "cynisme" et les "postures guerrières" d'un président Macron "en état de siège", face auquel le RN proposera une "transition réfléchie et résolue, nationale et populaire".

"Comme il y a trente ans, nous pataugeons toujours dans le 'responsables, mais pas coupables' avec un gouvernement qui ne cesse de se défausser", a-t-elle fustigé, avant d'ironiser : "C'est la faute de la crise, du RN, de la guerre, du RN, des réseaux sociaux, du RN, des Chinois, du RN, des martiens, du RN... Ces dérobades indignes discréditent la parole et l'action publiques". Marine Le Pen a par ailleurs confirmé sa présence sur la liste de son poulain, à la dernière place, "symboliquement".

"Le Pacte vert d'un côté, le Pacte migratoire de l'autre"

Le rendez-vous phocéen, "le plus important", inaugurait une série d'une dizaine de réunions publiques programmées au cours des trois prochains mois, dont l'une à Paris le 1er mai. Ce premier meeting - facturé 400.000 euros sur un budget de campagne total de 4,32 millions - a permis au RN d'éprouver un nouveau slogan : "La France revient", sous-titré "L'Europe revit", clin d'œil à la formule de Ronald Reagan "America is back".

C'était déjà une référence aux années 1980 que le parti d'extrême droite employait jusqu'alors, "Vivement le 9 juin", pastiche d'un slogan du RPR de Jacques Chirac. Sur le fond, le raout marseillais a été l'occasion de dérouler les grands axes de la campagne, crise agricole et immigration en tête. "Le Pacte vert d'un côté, le Pacte migratoire de l'autre : voici les deux grands piliers de cette bataille électorale décisive", a lancé Jordan Bardella, considérant à nouveau les élections comme un "référendum contre la submersion migratoire".

À la Macronie qui l'accuse de vouloir sortir de façon déguisée de l'Union européenne, l'eurodéputé a répondu qu'on "ne quitte pas la table du jeu quand on est sur le point de gagner la partie", citant plusieurs pays où les alliés du RN sont en progression. L'un de ses concurrents, Raphaël Glucksmann, qui porte la liste socialiste, a qualifié sur France 3 les lepénistes de "patriotes de pacotille (...) au service de Vladimir Poutine". Aux sympathisants de Reconquête !, tentés par la liste de Marion Maréchal, ou à ceux de LR, Jordan Bardella a demandé indirectement de "s'unir et se rassembler" plutôt que de "disperser leur vote".

 

Objectif 2027 pour Marine Le Pen 

Une contre-manifestation a réuni en parallèle 600 personnes à Marseille, venus "marquer leur opposition" au RN. Ultra-favori dans les sondages (28 à 30% d'intentions de vote) avec environ dix points de plus que la liste Renaissance-MoDem-Horizons, Jordan Bardella a une double ambition : arriver en tête et faire au moins aussi bien qu'aux dernières Européennes, 23,34%. Objectif sous-jacent : faire du 9 juin le marche-pied d'une quatrième candidature de Marine Le Pen à l'Élysée en 2027.

La principale inconnue de la campagne, pour le RN, sera la remontée, ou non, du camp présidentiel, englué depuis plusieurs semaines sous la barre des 20% d'intentions de vote. La macronie et sa candidate Valérie Hayer entendent répondre au meeting de Jordan Bardella dès samedi prochain, à Lille. Avec, pour la soutenir, le Premier ministre Gabriel Attal et son gouvernement au complet.