Étudiants algériens : bras de fer entre Beauvau et le Quai d'Orsay sur l'attribution des visas
L'augmentation du nombre de visas étudiants accordés à des Algériens fait polémique jusque dans les ministères. Entre le ministère de l'Intérieur et le ministère des Affaires étrangères, deux visions s'affrontent. Beauvau réclame désormais la compétence exclusive de l'attribution des visas.
L'annonce a de quoi surprendre. Alors que les relations franco-algériennes se sont grandement détériorées ces derniers mois, près de 8.400 visas étudiants ont été délivrés à des Algériens pour la rentrée 2025, soit un millier de plus que l’an dernier. Un chiffre qui fait polémique, y compris dans les rangs des ministères, et qui marque une profonde divergence de point de vue entre le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Intérieur.
Une vision totalement déconnectée selon Bauveau
Au Quai d’Orsay, la ligne est claire : sanctionner le régime, pas la population. Les officiels algériens sont visés. Conséquence : 30 % de visas en moins en 2025. Mais les étudiants, eux, sont épargnés. Car les diplomates parlent d’attractivité et de talents pour l’avenir de la France.
Pour Beauvau, cette vision est totalement déconnectée. Depuis 2008, le système est éclaté : le ministère de l’Intérieur donne les grandes orientations, mais dans les faits, c’est toujours le Quai d’Orsay qui garde le dernier mot. Résultat : certaines consignes de fermeté n’ont jamais été transmises aux agents consulaires.
Divergence de point de vue
Alors, depuis plusieurs années, l’Intérieur réclame la compétence exclusive sur les visas. Objectif : conditionner leur nombre aux laissez-passer consulaires. Une ligne de bon sens, dit-on, quand l’Algérie refuse de reprendre ses clandestins.
À l’inverse, diplomates et Élysée s’accrochent à une idéologie. "C’est la grande maladie macroniste", analyse une source gouvernementale. "Emmanuel Macron n’envisage la puissance française qu’en termes d’attractivité. C’est naïf : très peu d’étudiants algériens vont au bout de leur cursus, beaucoup restent et font ensuite venir leur famille". Pour Beauvau, sans fermeté sur les entrées, toute politique migratoire reste incohérente.