Lecornu répète qu'il n'a pas d'«agenda» de carrière, il n'y avait pas «beaucoup de candidats» pour être Premier ministre
Après une semaine d'instabilité, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé renommer Sébastien Lecornu comme Premier ministre. Ce dernier a dit accepter "par devoir", quelques jours pourtant après avoir démissionné. Si Les Républicains soutiennent l'idée en grande majorité de faire alliance avec le nouveau chef du gouvernement, de son côté, le PS brandit déjà la menace de la censure.
Emmanuel Macron a annoncé peu après 22h vendredi la reconduction à Matignon de Sébastien Lecornu, à l'issue d'une folle semaine entamée par sa démission et celle de son premier gouvernement, qui n'aura survécu que 14 heures. Lors d'un déplacement dans un commissarait du Val-de-Marne, Sébastien Lecornu a pris la parole. S'il a admis que les candidats n'étaient pas nombreux à Matignon, il assure que "tous les débats sont possibles" sur la réforme des retraites.
Les informations à retenir :
- Emmanuel Macron a reconduit Sébastien Lecornu comme Premier ministre
- Bruno Retailleau a confirmé qu'il ne participerait pas au gouvernement
- En déplacement, Sébastien Lecornu a reconnu il n'y avait pas "beaucoup de candidats" pour être Premier ministre
- Sur la réforme des retraites, il assure que "tous les débats sont possibles
Les Républicains ne participeront pas au gouvernement Lecornu II
Dans un communiqué, le parti des Républicains a confirmé, sous l'impulsion de son président Bruno Retailleau, ne pas vouloir faire partie du prochain gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu.
"Le bureau politique affirme un soutien texte par texte au gouvernement", mais souligne "qu'à ce stade, la confiance et les conditions ne sont pas réunies pour que Les Républicains participent au gouvernement".
Hier soir, lors d'une réunion organisée par le groupe, la plupart des députés LR, les premiers menacés en cas de dissolution, s'y étaient montrés favorables.
"Tous les débats sont possibles" sur la réforme des retraites
En marge d'un déplacement dans un commissariat de la région parisienne, le Premier ministre Sébastien Lecornu a admis que les candidats n'étaient pas nombreux à Matignon, il assure que "tous les débats sont possibles" sur la réforme des retraites. La suspension de cette réforme a été érigée en condition sine qua non de la non-censure du PS.
Par ailleurs, le Premier ministre, qui constituer dans le weekend un nouveau gouvernement qu'il a espéré samedi "libre" et "pas emprisonné dans les partis", a ironisé : "Je n'ai pas le sentiment qu'il y avait beaucoup de candidats, pour être complètement transparent". Une réponse aux très nombreuses critiques de la classe politique face à sa reconduction.
Sébastien Lecornu a "carte blanche"
Nouvel essai, donc : le président lui donne "carte blanche" pour proposer une nouvelle équipe gouvernementale et mener "les négociations" avec les partis politiques. Dans la foulée, le Premier ministre démissionnaire a dit accepter la mission "par devoir", et devrait s'atteler dès samedi à la formation de son équipe.
Entre les menaces de censure des oppositions et un socle commun largement mis à mal, sa tâche s'annonce éminemment difficile.
Le PS censurera Lecornu en l'absence de "suspension immédiate et complète" de la réforme des retraites
Le Parti socialiste, dont les votes seront décisifs pour la survie du gouvernement de Sébastien Lecornu, a affirmé samedi qu'il censurerait le Premier ministre en l'absence "d'une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites".
"Nous rappelons de manière très claire ce soir au Premier ministre que s'il n'y a pas dès sa déclaration de politique générale la confirmation de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du PS Pierre Jouvet.
Une très large majorité des députés LR se prononce pour un "soutien" à Lecornu
Une très large majorité des députés Les Républicains s'est prononcée vendredi soir au cours d'une réunion pour un "soutien" à Sébastien Lecornu, tout juste reconduit à Matignon, selon un des participants à l'AFP.
"Lors de la réunion de groupe LR, 41 députés ont pris la parole, trois ont émis des réserves, le reste s'est prononcé en faveur du soutien à Lecornu", a détaillé cette source.
LFI et le RN promettent la censure
La France insoumise, le Parti communiste français, les Écologiste et le Rassemblement national ont immédiatement promis vendredi soir de censurer le prochain gouvernement, après la reconduction par Emmanuel Macron du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu à Matignon.
"Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir. La France et son peuple sont humiliés", a écrit le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur X, en précisant que la formation de gauche radicale déposerait "une nouvelle motion de destitution du président de la République" et censurerait "immédiatement" le prochain gouvernement.
"Nous proposons dès ce soir aux parlementaires de la gauche de l'hémicycle de signer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution du président de la République", a précisé le groupe insoumis à l'Assemblée nationale.
Même son de cloche à l'autre bout du spectre politique, où le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré que son parti "censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir", en dénonçant "une mauvaise plaisanterie, une honte démocratique et une humiliation pour les Français". Position également adoptée par l'allié du RN, Eric Ciotti.