EN DIRECT - Emmanuel Macron «prendra ses responsabilités» en cas de nouvel échec de Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu a remis ce lundi matin sa démission au président Emmanuel Macron qui l'a acceptée. Dimanche soir, la première partie de son gouvernement a été annoncée, suscitant de nombreuses critiques de part et d'autres en raison du statut-quo sur de nombreux postes, bien loin de la "rupture" promise.
Sébastien Lecornu est devenu le Premier ministre le plus éphémère de l'histoire de la Ve République. Ce lundi matin, il a remis sa démission au président Emmanuel Macron qui l'a acceptée. La situation était devenue intenable pour le nouveau locataire de Matignon en raison du torrent de critiques qui s'abattent depuis dimanche soir et l'annonce de la première partie de son gouvernement, très proche de celui de François Bayrou avec peu de nouveaux noms et un retour très critiqué de Bruno Le Maire. Bruno Retailleau et les LR ont même menacé de se retirer de l'équipe gouvernementale.
Les principales informations :
- La première partie du gouvernement de Sébastien Lecornu a été annoncée dimanche soir.
- Devant les réactions des partis politiques engendrées par ce gouvernement, Sébastien Lecornu a décidé de remettre sa démission au président Emmanuel Macron qui l'a acceptée.
- Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi soir pour présenter un nouveau gouvernement. Le chef de l'Etat s'est dit prêt à "prendre ses responsabilités" en cas de nouvel échec.
- Sébastien Lecornu a déjà fait savoir qu'il ne souhaitait pas être renommé à Matignon, même en cas de succès des négociations.
- Le Rassemblement national appelle Emmanuel Macron à choisir entre dissolution et démission.
- Gabriel Attal a confié "ne plus comprendre les décisions du président de la République".
Gabriel Attal "ne comprend plus les décisions" d'Emmanuel Macron
Gabriel Attal, ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a déclaré lundi que "comme beaucoup de Français" il "ne comprend plus les décisions" du président de la République, qui "donnent le sentiment d'une forme d'acharnement à vouloir garder la main".
"Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu'on peut essayer autre chose", a également estimé M. Attal, invité du JT de TF1, en référence aux gouvernements successifs depuis la dissolution de 2024. "Il faut maintenant partager le pouvoir", a-t-il ajouté, appelant à "un ou plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement".
Le RN appelle Emmanuel Macron à choisir entre dissolution et démission
Les deux chefs de file du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont appelé lundi Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, estimant que le chef de l'État avait aussi le choix de démissionner.
"On est au bout du chemin. Il faut arrêter, voilà. Les ministres de droite, les ministres de gauche, on arrête. On retourne aux urnes. Et ce sont les Français qui vont décider", a insisté Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN. Interrogée par les journalistes, elle n'a pas non plus écarté l'hypothèse d'une démission du chef de l'État: "je n'ai pas à l'appeler à le faire. S'il prend la décision de le faire je pense que ce serait une décision, là encore, sage", a répondu la patronne de l'extrême droite.
"Il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes et sans la dissolution de l'Assemblée nationale", a de son côté réagi Jordan Bardella tôt le matin en arrivant au siège de son parti pour une réunion.
Emmanuel Macron "prendra ses responsabilités" en cas de nouvel échec de Sébastien Lecornu
Emmanuel Macron s'est dit prêt à "prendre ses responsabilités" en cas de nouvel échec du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, auquel il a donné 48 heures pour tenter des négociations de la dernière chance, selon l'entourage du chef de l'Etat. Par ce message, le président semble faire planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.
Emmanuel Macron demande à Sébastien Lecornu de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi soir
Le président Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi soir par l'intermédiaire d'une "plateforme d'action et de stabilité".
Dans un message publié sur son compte X, le Premier ministre démissionnaire a affirmé avoir "accepté à la demande du président de la République de mener d'ultimes discussions avec les forces politiques pour la stabilité du pays". "Je dirais au chef de l'Etat mercredi soir si cela est possible ou non, pour qu'il puisse en tirer toutes les conclusions qui s'imposent", a-t-il ajouté.
En revanche, même en cas de succès des négociations, Sébastien Lecornu a déjà fait savoir qu'il ne souhaitait pas être renommé à Matignon.
"Je ne comprends plus les décisions du président de la République", assène Gabriel Attal
Sur le plateau du 20h de TF1, l'ancien Premier ministre a assuré que le président de la République démontre "une forme d'acharnement à garder la main". Il a souhaité la nomination d'un négociateur "indépendant des partis politiques" pour "sortir de l'impasse car depuis un an, ce qui a été fait, c'est mettre le qui avant le quoi".
"Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu'on peut essayer autre chose", a proposé Gabriel Attal, après les échecs des gouvernements Attal, Barnier et Bayrou.
Bruno Le Maire sort du silence et affirme "avoir proposé de se retirer"
Sa nomination ce dimanche à la tête du ministère des Armées a mis le feu aux poudres. Ce lundi après-midi, Bruno Le Maire est sorti du silence, affirmant avoir "proposé en fin de matinée au président de la République de [se] retirer du gouvernement sans délai et de transférer [ses] responsabilités de ministre des Armées au Premier ministre", écrit-il sur son compte X. "Le président de la République a accepté ma proposition", ajoute-t-il, fustigeant toutefois des "réactions incompréhensibles, fausses et disproportionnées .
L'ancien locataire de Bercy va reprendre son poste de professeur au centre Enterprise for Society (E4S) en Suisse. Il y intervient en tant que professeur invité depuis septembre 2024 "dans le domaine de l'économie politique et des relations internationales".
Sébastien Lecornu de nouveau reçu à l'Élysée
Le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a de nouveau été reçu ce lundi à l'Élysée. Nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu s'y était rendu dans la matinée pour remettre sa démission à Emmanuel Macron.
Retailleau appelle Macron à s'exprimer
Estimant que seul le président de la République détient les clés pour sortir le pays de la crise, Bruno Retailleau appelle Emmanuel Macron à prendre la parole. "Le spectacle qui est donné est en train de désappointer les Français", ajoute-t-il.
"S'il y a blocage, il faudra un retour aux urnes", estime Retailleau
"S'il y a situation de blocage, il faudra un retour aux urnes", estime Bruno Retailleau qui privilégie toutefois "d'autres moyens avant d'en arriver là". Il appartient désormais à Emmanuel Macron de trancher. "C’est à lui de choisir, c’est lui qui a les clés pour notre avenir". En revanche, "hors de question", dit-il, de "cautionner un Premier ministre de gauche".
Un scénario joué d'avance ?
"Ce gouvernement concentrait toutes les conditions pour être censuré", assure Bruno Retailleau sur TF1. "Je ne m’accroche pas à un fauteuil, au contraire je veux servir mon pays, mais pas dans n’importe quelles conditions", ajoute-t-il.
"Un problème de confiance"
Sur le plateau du 13H de TF1, Bruno Retailleau assure que Sébastien Lecornu lui a "caché" la nomination de Bruno Le Maire au ministère de Armées et regrette ainsi un "problème de confiance" et une "déconnexion". Le président des LR ne se sent "pas du tout" responsable de la démission du Premier ministre.
Lecornu critique la "posture" des partis
Sébastien Lecornu a pointé l'attitude des différents partis "qui se comportent comme s'ils avaient la majorité à l'Assemblée nationale", fustige le Premier ministre démissionnaire. Selon lui, ces mêmes partis ont "fait mine de ne pas voir le changement, la rupture que représentait le fait de ne pas servir du 49.3".
Quelle est la stratégie des Républicains ?
À ce stade, les Républicains ont le sentiment "d'avoir été floués" par l'hôte de Matignon. "Sébastien Lecornu a caché la nomination de Bruno Le Maire", peste-t-on en interne. "Avec le président, ils ont fait le pari que l'on accepterait tout, quoi qu'il en coûte", analyse un autre. "Ils se sont trompés sur nous, nous n'avons jamais fait partie de la majorité présidentielle".
Reste que les Républicains, pour le moment, n'appellent pas à une dissolution de l'Assemblée nationale. "On peut encore trouver une majorité dans la situation actuelle", juge un ministre LR qui imagine un gouvernement technique, voire une figure comme Gérard Larcher, s'installer à Matignon.
Xavier Bertrand plaide pour une sortie des LR du gouvernement
C'est l'interrogation majeure de ce lundi matin, au lendemain de l'annonce de la première partie du gouvernement Lecornu. Les Républicains, qui avaient validé dimanche dans l'après-midi leur participation au gouvernement, vont-ils changer d'avis ? C'est ce qu'a laissé entendre Bruno Retailleau dimanche soir. Reconduit au ministère de l'Intérieur, il estime toutefois que cette composition "ne reflète pas la rupture promise" et annoncé la convocation du comité stratégique de LR ce lundi. Sur RTL, Xavier Bertrand a plaidé pour une sortie des Républicains du gouvernement.
Olivier Faure promet la censure en cas d'absence de débat parlementaire sur les retraites
Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a redemandé lundi un nouveau débat parlementaire sur la très contestée réforme des retraites de 2023 pour "d'ici la fin décembre avoir la possibilité de l'abroger". Faute de quoi, le PS votera la censure du gouvernement Lecornu.
Gabriel Attal dénonce le "spectacle affligeant" donné par la classe politique
Dans un message au groupe de députés qu'il préside, Gabriel Attal regrette que la méthode qu'il avait proposée, "le quoi avant le qui, s'accorder sur un compromis budgétaire avant" de nommer un gouvernement, n'ait "pas été retenue". Selon lui, la classe politique se livre à un "spectacle affligeant" et les Français "méritent mieux que le cirque des places et des postes".