Emmanuel Macron a commémoré lundi le 8 mai 1945, sur des Champs-Elysées quasi vides. 2:11
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Jacques Serais avec AFP / Crédit photo : FRANCOIS PAULETTO / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Emmanuel Macron a commémoré lundi le 8 mai 1945, sur des Champs-Elysées quasi vides après la mise en place d'un large périmètre de sécurité pour empêcher l'opposition de manifester. Il se rend ensuite à Lyon pour un hommage à Jean Moulin et la Résistance où les rassemblements ont aussi été interdits.

Accompagné par la grande escorte de la Garde républicaine, à cheval et motorisée, Emmanuel Macron a remonté les Champs-Elysées, dans sa voiture, vitres fermées devant seulement quelques dizaines de curieux. 

Tout rassemblement a été interdit aux abords de la célèbre avenue

Pour éviter les risques de casserolades, récurrents depuis l'adoption de la réforme des retraites, tout rassemblement a en effet été interdit aux abords de la célèbre avenue. Des filtrages stricts ont aussi été mis en place et le public tenu à bonne distance du défilé.

"On voulait voir le président, on est très déçus. On comprend pas bien pourquoi il y a tout ce bazar", déplore Adrien Prevostot, bloqué avec sa fille à 200 mètres des Champs-Elysées. "Les cérémonies militaires c'est fait pour que la population soit derrière le drapeau. C'est quand même dommage pour la France", abonde Stanislas, un habitant du quartier.

Après avoir rejoint l'Arc de Triomphe, Emmanuel Macron s'est recueilli devant la tombe du Soldat inconnu, avant de raviver la flamme, comme le veut la tradition.

Emmanuel Macron désormais attendu à Lyon pour rendre hommage à Jean Moulin

Il est attendu à Lyon en début d'après-midi, un déplacement sous haute surveillance. Des appels à manifester ont été émis à proximité du Mémorial de la prison de Montluc, où Jean Moulin et d'autres figures de la Résistance furent détenus et où l'hommage aura lieu. La préfecture du Rhône a interdit tout rassemblement dans cette zone. La CGT avait déposé un recours en référé contre cette interdiction, rejeté par la justice.

Dans l'ancienne prison, Emmanuel Macron va rendre hommage à la "Résistance française et aux victimes de la barbarie nazie", précise l'Elysée. Il sera accompagné du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, du ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye et de la secrétaire d'Etat chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles.

La cérémonie, à l'approche du 80e anniversaire de l'arrestation et de la mort de Jean Moulin, ouvre un nouveau cycle mémoriel qui se poursuivra le 6 juin 2024 avec la commémoration du Débarquement en Normandie et s'achèvera le 8 mai 2025 pour les 80 ans de la Victoire. Préfet de 1937 à 1940, premier président du Conseil national de la Résistance (CNR), Jean Moulin fut arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, près de Lyon, par le chef local de la Gestapo, Klaus Barbie.

Affreusement torturé, il garda le silence et décéda, des suites des blessures infligées, le 8 juillet 1943 en gare de Metz dans le train qui le conduisait en Allemagne. Emmanuel Macron se rendra dans sa cellule et dans celle du "boucher de Lyon", Klaus Barbie, qui passa une semaine à Montluc après son arrestation en 1983. Il fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité quatre ans plus tard.

"Esprit de résistance"

Le chef de l'Etat va exalter à travers Jean Moulin "cet esprit de résistance qui est propre au peuple français", indique l'Elysée. "C'est ce qui a permis au général de Gaulle de devenir un acteur incontournable vis-à-vis des Anglo-Saxons" et à la France de rejoindre le camp des vainqueurs après les errements du régime collaborationniste de Vichy, souligne la présidence. "Tout cela n'aurait pas été possible si Jean Moulin n'avait pas assemblé autour de lui toutes les forces du renouveau", venant de tous les horizons politiques.

Le chef de l'Etat, qui tente de tourner la page de la crise des retraites, en profitera-t-il pour lancer un nouvel appel à la "concorde" ? La perspective hérisse d'avance ses adversaires pour qui les appels à manifester sont légitimes, même en ce jour de commémoration. "C'est Emmanuel Macron qui est visé, pas Jean Moulin", a commenté l'eurodéputée insoumise Manon Aubry sur franceinfo. "A chaque fois qu'il sortira dans la rue, il y aura une contestation sociale massive"

Le président du Sénat, Gérard Larcher, juge, lui, "inacceptables" d'éventuels rassemblements. "Il y a un temps pour tout. (Le 8 mai, NDLR), c'est le temps de la mémoire, du recueillement et du rassemblement dans notre pays", a-t-il estimé dimanche.