Emmanuel Macron aborde son deuxième Congrès dans un contexte difficile

Emmanuel Macron donnera le deuxième discours devant le Congrès lundi 9 juillet.
Emmanuel Macron donnera le deuxième discours devant le Congrès lundi 9 juillet. © Eric FEFERBERG / POOL / AFP
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Le président de la République s'adresse lundi aux parlementaires à Versailles, après plusieurs semaines marquées par les polémiques, les flottements de communication et une baisse de popularité.

Un an déjà, un an seulement. En 2017, à la même période de l'année, Emmanuel Macron prenait la parole à Versailles, devant le Parlement réuni en Congrès, pour exposer son cap. Lundi, il réitèrera l'exercice. Si certaines choses semblent immuables, notamment les critiques de l'opposition qui souhaite en partie boycotter un rendez-vous fleurant trop la monarchie présidentielle à son goût, d'autres ont bien changé en douze mois.

Emmanuel Macron aborde en effet son deuxième Congrès dans un contexte nettement plus difficile. En 2017, il arrivait auréolé de sa victoire à la présidentielle, puis de celle de son mouvement aux législatives. Un an plus tard, c'est au terme de longues semaines de polémiques, de critiques et de mauvais sondages qu'il se montre devant le Congrès.

Plongée dans les sondages. Certes, "si on est troublé par les sondages, il faut aller faire autre chose que de la politique", a balayé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, vendredi matin sur Europe 1. Reste que les enquêtes d'opinion n'augurent rien de bon pour le chef de l'État. D'après le baromètre Elabe pour Les Echos et Radio classique publié jeudi, le président perd 6 points, à 34% de bonnes opinions. Son plus bas niveau depuis son élection. À peine trois points de plus que François Hollande à la même période de son mandat. Mais une autre enquête, signée Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo, est plus inquiétante encore, identifiant des reproches concrets : seuls 29% des personnes interrogées estiment la politique gouvernementale "juste". Et 34% la jugent "efficace". Ce qui laisse beaucoup d'insatisfaits.

" Macron est rattrapé par une série de petits faits qui donnent une impression négative chez les Français. "

"Président des riches". Les dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour le chef de l'État, qui a enchaîné les polémiques et les séquences de communication ratées. On se souvient bien sûr du tollé suscité par une vidéo sur les aides sociales, dans laquelle le chef de l'État estimait qu'elles coûtaient "un pognon de dingue", diffusée par la responsable de la communication élyséenne, Sibeth Ndiaye. Mais cet épisode n'a en réalité fait qu'accentuer l'image de "président des riches" qui colle à Emmanuel Macron plus sûrement que le sparadrap au Capitaine Haddock. Et ce n'est pas le report à la rentrée de la présentation du plan pauvreté, initialement prévu précisément pour le Congrès, qui va inverser la tendance.

"Impression négative". Les épisodes de l'achat de vaisselle par l'Élysée ou de la construction d'une piscine au fort de Brégançon ont également contribué à l'érosion de l'image du chef de l'État, selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. "Emmanuel Macron fait président par rapport à François Hollande, apparaît plus maître de lui que Nicolas Sarkozy, mais il est rattrapé par une série de petits faits qui donnent une impression négative chez les Français." Néanmoins, le sondeur note que le président "garde un socle tout à fait important", avec globalement 41% de sondés qui approuvent sa politique, selon une enquête Ifop/Fiducial publiée mardi pour Paris Match et Sud-Radio.

Le dernier mois a également été marqué par plusieurs mesures impopulaires : l'abaissement de la vitesse à 80km/h sur certaines routes secondaires par exemple, qui fait grincer les dents de nombreux automobilistes, mais aussi le flou qui subsiste autour du maintien des pensions de réversion pour les veufs et les veuves.

La crise des migrants phagocyte tout. Enfin, le mantra "et en même temps" de l'exécutif s'est heurté à la crise des migrants. Jugé trop laxiste à droite, terriblement attentiste à gauche, le gouvernement a perdu des plumes des deux côtés de l'échiquier politique après avoir refusé d'accueillir l'Aquarius. Sans compter que la crise européenne qui s'en est suivie a phagocyté du temps médiatique et présidentiel, faisant passer au second plan d'autres dossiers. Outre le plan pauvreté, de nombreuses réformes ont pris du retard, de la loi Pacte au plan santé et hôpital, en passant par le projet de loi sur les mobilités.

À contexte différent, enjeux différents. Parce que ce deuxième Congrès intervient dans une période de creux pour l'exécutif, il sera moins question de tracer le cap que de donner un second souffle au quinquennat.