Emmanuel Macron dévisse dans les sondages : "Il y a des éléments d'inquiétude"

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Romain David et William Galibert , modifié à
Pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, le chef de l'Etat, malgré un socle de sympathisants toujours très important, pâti d’une série de polémiques sur son train de vie qui donnent le sentiment d'un mépris de classe.
INTERVIEW

Emmanuel Macron est-il en train de se couper de l'opinion ? Les sondages se suivent et la courbe continue de s'infléchir. Le dernier en date, le baromètre Ifop Fiducial publié mardi pour Paris Match et Sud-Radio, enregistre 59% de Français qui se disent mécontent de l'action du chef de l'Etat. "C'est son plus haut taux de désapprobation", commente au micro d'Europe 1 Bonjour Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l'Ifop. "Il y a une véritable érosion de sa côte de popularité, et il y a des éléments d'inquiétude. On voit par exemple, qu'il perd 14 points chez les personnes âgées", dont seuls 32% se disent encore satisfaites de son action", relève-t-il. Un décrochage essentiellement imputable aux récentes déclarations de l'exécutif sur les pensions de réversion.

Une politique à la fois perçue comme cohérente et injuste. Malgré tout, le président de la République "garde un socle tout à fait important", avec globalement 41% de sondés qui approuvent sa politique. "Emmanuel Macron est à 90% chez les sympathisants d'En Marche. Il arrive à mordre un sympathisant sur deux à droite", détaille le politologue. Un paradoxe qu'explique l'éclatement de la vie politique française après la dernière élection présidentielle. "Il ne faut plus voir les sondages de popularité comme on les voyait dans l'ancien monde, il n'y a plus de bipolarisation gauche/droite mais il y a des oppositions éparpillées", explique Frédéric Dabi. "Emmanuel Macron garde comme pilier de satisfaction le fait que les Français voient une cohérence : il applique son programme, il fait ce qu'il dit, il dit ce qu'il fait", même si chez beaucoup d'entre eux se dégage "le sentiment que sa politique n'est pas une politique juste".

Un train de vie qui donne "une impression de giscardisation". La popularité du président s'érode aussi chez les sympathisants LR, parmi lesquels il perd 12 points par rapport au précédent pointage réalisé par l'institut de sondage. La déception des électeurs de droite porterait moins sur son action que sur sa manière d'endosser le costume présidentiel. "Il y a quelque chose qui s'est effrité sur l'incarnation de sa fonction", pointe notre sondeur, qui relève "une petite musique qui monte, un certain mépris social qui donne une impression de giscardisation". Frédéric Dabi évoque notamment les polémiques autour de la vaisselle de l'Elysée ou sur l'installation d'une piscine au fort de Brégançon. "Il fait président par rapport à François Hollande, il apparaît plus maître de lui par rapport à Nicolas Sarkozy, mais il est rattrapé par une série de petits faits qui donnent une impression plus négative chez les Français".

La limitation à 80km/h entraîne Edouard Philippe vers le fond. Mais le chef de l'Etat n'est pas le seul à plonger. Pour son Premier ministre, Edouard Philippe, la dégringolade est encore plus marquée. Le chef du gouvernement recule de cinq points, avec seulement 38% d'opinions positives. "Il est touché par les mêmes critiques qu'Emmanuel Macron : la politique n'est pas vraiment juste, est-ce qu'elle va profiter à l'ensemble des Français ?", commente le politologue. "Mais, spécifiquement, émerge un acte lourd qu'il a annoncé lui-même, ce sont les fameux 80km/h".

Les marcheurs s'interrogent. Face aux critiques et aux signaux d'inquiétude, la majorité feint l'indifférence. Outre les petites polémiques sur les dépenses du locataire de l'Elysée, les réformes menées au pas de charge mettraient trop de temps à porter leur fruit, selon le constat d'un haut-gradé de la macronie. "Les gens ne perçoivent pas encore les résultats, pas étonnant qu'il y ait de la déception", confie ce responsable à Europe 1. En attendant, il faut "tenir le cap", répètent les amis du président. Le capitaine lui-même va se charger de le rappeler, puisqu'Emmanuel Macron s'adressera lundi aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles.