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Invité mardi matin d'Europe 1, Jean-Michel Blanquer a défendu le choix du gouvernement de ne pas décaler la rentrée scolaire malgré la gravité de la situation sanitaire. Pour le ministre de l'Éducation, il ne faut pas "privilégier l'inquiétude" face au Covid-19 à propos des rentrées scolaires.
INTERVIEW

"C'est un choix éducatif et social, qu'on peut appeler politique." Accusé de ne pas avoir retardé la rentrée scolaire des écoliers en raison de la situation sanitaire toujours extrêmement préoccupante, Jean-Michel Blanquer s'est défendu mardi sur Europe 1 d'avoir mis en danger les enfants face au Covid-19 avec cette rentrée opérée lundi, quatre jours après le réveillon de la Saint-Sylvestre et onze jours après celui de Noël. "Il ne faut pas d'emblée priver les enfants d'école alors que c'est quelque chose d'essentiel, simplement parce qu'on aurait des interrogations qui sont très discutables", a balayé le ministre.

Protocole "beaucoup plus strict" qu'ailleurs

Des pays européens ont décalé la rentrée scolaire, contrairement à la France qui l'a donc maintenue lundi, comme prévu. "Le critère sanitaire est évidemment premier dans nos esprits et c'est pourquoi on a élaboré un protocole sanitaire strict", a expliqué le ministre au micro de Sonia Mabrouk à propos de ce protocole "beaucoup plus strict que la plupart des autres pays, particulièrement l'Angleterre d'ailleurs, qui avait un protocole très peu strict". Boris Johnson a annoncé lundi soir le reconfinement total de l'Angleterre face à la très forte progression des cas de coronavirus et des hospitalisations.

Jean-Michel Blanquer a aussi défendu les critères pédagogique et éducatif : "L'école est fondamentale pour tous les enfants et ne pas aller à l'école nuit énormément aux enfants. Sur le plan éducatif, bien sûr, mais aussi sur le plan social et même sur le plan sanitaire. Ça peut être très négatif sur le plan psychologique et même sur le plan physique de ne pas aller à l'école."

Un risque "beaucoup plus fort" hors de l'école

C'est ce qui justifie le fait, aux yeux du ministre de l'Éducation, de ne pas avoir décalé la rentrée d'une semaine, comme certains scientifiques et syndicats le demandaient. "Je pense que ça n'aurait servi à rien", a-t-il évacué mardi matin.

"D'ailleurs, c'est assez paradoxal comme argument, parce qu'on dit 'n'envoyez pas les enfants à l'école parce qu'il y a le virus' et en même temps, on dit 'quand ils sont à la maison, ils se contaminent davantage'", a souligné le ministre. "Il ne faut pas oublier que si on n'envoie pas les enfants à l'école, ils sont ailleurs. Ça peut être la maison mais, souvent, il font aussi d'autres choses. En réalité, on a vu que le risque de contamination est souvent beaucoup plus fort en dehors du cercle scolaire qu'à l'école."

Les critiques vues comme des "Cassandre"

Au passage, le ministre en profite pour critiquer ceux qui conseilleraient à l'exécutif une autre gestion de la crise sanitaire concernant l'éducation : "Parfois, certains refont les Cassandre à chaque retour de vacances", dénonce-t-il. "Je me souviens des observations que j'avais avant la rentrée scolaire de septembre. Si j'avais écouté certains, on aurait là aussi reporté. La bonne décision a été prise, c'est-à-dire faire la rentrée à l'heure. Idem pour le retour des vacances de la Toussaint."

Et le ministre d'estimer que sa gestion de la crise a été la bonne depuis dix mois, contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs à gauche et à droite : "C'est ma cinquième rentrée scolaire depuis le mois de mars. Je demande à chacun d'analyser la décision prise en mai, en juin, en septembre, en novembre. Finalement, c'étaient les bonnes décisions", se félicite-t-il. "Les débats qui ont eu lieu à l'époque avaient souvent privilégié l'inquiétude là où il fallait simplement la vigilance et la rigueur."