Jean Castex 1:17
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Jean-Rémi Baudot, avec AFP, édité par Mathilde Durand
Le Premier ministre Jean Castex a annulé sa visite prévue dimanche en Algérie, symbole du réchauffement des relations entre les deux pays. Les raisons invoquées sont sanitaires, mais aussi diplomatiques. Le format de la délégation française, réduit en raison de l'épidémie, a été jugé insuffisant par les autorités algériennes. 

La crise sanitaire du Covid-19 perturbe la diplomatie. Le Premier ministre Jean Castex renonce à son déplacement en Algérie, prévu initialement dimanche, en raison des conditions sanitaires. Un déplacement qui aurait dû être l'un des symboles du réchauffement engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune entre les deux pays aux relations tumultueuses. Paris et Alger devait se retrouver pour un "Comité intergouvernemental de haut niveau". Cette réunion entre ministres devait permettre des discussions autour de la diplomatie, la sécurité, l'éducation mais aussi des contrats.

Une délégation jugée insuffisante 

La dernière fois qu'une telle réunion s'est tenue, c'était en 2017 à Paris. L'Algérie avait alors dépêché huit ministres. Et le pays attendait une délégation similaire en retour. Impossible en raison du Covid, a répondu Matignon qui a proposé de faire le déplacement en format restreint avec quelques ministres de poids tels que Jean-Yves Le Drian ou Bruno Le Maire. Les autorités algériennes ont jugé le format insuffisant, d'où l'annulation.

"La visite à été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. C'est un sous-format alors qu'il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier", a confirmé une source algérienne. "Ça aurait été un autre pays, ça aurait été la même chose", plaide l'entourage de Jean Castex. A Paris, on refuse de laisser entendre que ce report illustre d'éventuelles difficultés avec Alger.

Un réchauffement des relations ?

En préambule à la visite désormais reportée, le chef d'Etat major des armées français, le général François Lecointre, a été lui reçu à Alger jeudi par le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) Saïd Chanegriha pour un déplacement non annoncé au cours duquel le militaire algérien a sollicité l'assistance de Paris pour la "réhabilitation" des sites des essais nucléaires français au Sahara il y a 60 ans.

La France s'est lancée dans un travail de mémoire sur la guerre d'Algérie, ouvrant ses archives ou reconnaissant encore la responsabilité de l'armée dans la mort d'un militant indépendantiste. Les initiatives d'Emmanuel Macron font partie des recommandations mémorielles de l'historien Benjamin Stora dont le rapport a été critiqué en Algérie parce qu'il ne préconise pas notamment des "excuses" de Paris. Manifestement, le nombre de ministres présents lors d'un déplacement conditionne encore beaucoup le dialogue entre les deux pays.