Couper les allocations des parents des élèves violents : des députés LREM expriment leur désaccord

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Plusieurs élus de la majorité ont vivement réagi, alors que le ministre de l'Education nationale réfléchit à sanctionner les parents "complices d'une évolution violente" de leurs enfants.

Les réactions sont venues de toutes parts, des députés de la majorité plutôt classés à gauche comme de ceux issus de la droite. Plusieurs parlementaires LREM ont vertement critiqué, mardi, l'une des pistes examinées par le gouvernement pour lutter contre les violences à l'école : la suppression des allocations des parents des élèves violents.

Blanquer appelle à la "co-responsabilité". C'est Le Parisien qui révélait, le matin même, que cette option allait être suggérée par le groupe de travail qui planche actuellement sur un plan d'action contre les violences scolaires. En début d'après-midi, le ministre de l'Éducation nationale a partiellement confirmé cette information. "Le partenariat parents-écoles signifie aussi une coresponsabilité", a expliqué Jean-Michel Blanquer à une poignée de journalistes, en marge d'une visite dans les Hautes-Alpes. "Et parfois les parents sont exigeants vis-à-vis de l'école, mais l'école doit aussi pouvoir être un peu exigeante vis-à-vis des parents." Le ministre n'a toutefois pas confirmé qu'il s'agissait bien de sanctionner via la suppression des allocations.

"Double peine insupportable". Mais du côté des députés LREM, la mesure est loin de faire l'unanimité. Aurélien Taché, élu du Val-d'Oise et plutôt classé dans le courant "social" de LREM, s'est indigné sur Twitter contre "une double peine insupportable". "Comment imaginer une seconde qu'une famille dépassée par un adolescent violent pourra mieux y faire face une fois privée de ces allocations ? Cette mesure ne doit pas être reprise par le gouvernement."

Même son de cloche du côté de Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire et proche de Nicolas Hulot, qui a dénoncé une mesure qui "ne résoudrait rien, apporterait confusion des rôles et ne serait pas acceptée par la communauté éducative". "Cette mesure est inefficace et stigmatisante", a renchéri Paula Forteza, députée des Français de l'étranger. "Jamais plus de précarité ne sera la réponse à la hausse de la violence."

"Vieille lubie". Pour Claire Pitollat, élue des Bouches-du-Rhône, "il faut sortir de la violence par l'éducation et non par l'exclusion". Le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson, issu des rangs de la droite, a quant à lui fustigé une "vieille lubie prétendument destinée à responsabiliser les familles". "Cette mesure n'a jamais apporté la preuve de son efficacité", a-t-il écrit sur Twitter. "Dans une famille, comme ailleurs, on règle rarement des difficultés en ajoutant des difficultés."

Si Jean-Michel Blanquer a, lui, appelé à "faire la différence entre une famille dépassée par les événements et des cas où les parents ont été complices d'une évolution violente des enfants", la mesure n'en reste pas moins impopulaire dans les rangs de la majorité. Elle est loin d'être nouvelle : la loi Ciotti de 2010 prévoyait déjà une suspension des prestations sociales en cas d'absentéisme scolaire d'un élève. Elle avait été abrogée en 2013, sous François Hollande. Dans l'intervalle, près de 80.000 signalements avaient été faits, pour 619 allocations suspendues, selon Le Parisien.