Education nationale : les allocations familiales bientôt suspendues pour les parents d'élèves violents ?

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Europe1.fr avec Jean-Jacques Héry , modifié à
Un groupe de travail chargé de préparer le plan contre les violences à l'école va proposer au ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de suspendre les allocations des parents de certains adolescents fautifs. 

Couper les allocations familiales aux parents d'élèves violents ? L'idée n'est pas neuve, mais elle pourrait bien cette fois être appliquée. La mesure figure en effet parmi les propositions du groupe de travail chargé de préparer le plan contre les violences à l'école, selon Le Parisien. Ces suggestions doivent être remises au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer la semaine prochaine. Annoncée après l'agression d'une enseignante avec une arme factice par un lycéen de Créteil (Val-de-Marne), le plan contre les violences scolaires devait être présentée en décembre. Mais le mouvement des "gilets jaunes" a contraint le gouvernement à revoir son agenda.

Impliquer davantage les familles. La mesure s'inspire de la loi Ciotti sur l'absentéisme, abrogée par le gouvernement Hollande, et vise à impliquer davantage les familles. Concrètement, les établissements seraient chargés de faire remonter les comportements violents des élèves à l'inspection académique, qui s'occuperait ensuite de demander à la Caisse d'allocations familiales de cesser les versements. La sanction correspondrait au montant des dommages en cas de dégradations matérielles. 

Un système qui laisse dubitatif Philippe Vincent, secrétaire général du premier syndicat de chefs d'établissements (Snpden), interrogé par Europe1. "De quel comportement d'élèves parle-t-on? Est-ce que c'est un comportement au sein de l'établissement ou à l'extérieur de l'établissement?", questionne le syndicaliste. "Ça interroge, car autant au sein de l'établissement on peut imaginer qu'il y ait un repérage, autant à l'extérieur ça paraît beaucoup plus compliqué à mettre en oeuvre". 

Lier aide sociale et comportement, un choix qui n'a rien d'évident. "Maintenant, est-ce qu'on doit passer par une sanction financière, en particulier si ça devait être au niveau des allocations familiales, qui sont a priori des aides sociales ?", s'interroge encore le chef d'établissement. "On a du mal à imaginer un rapport direct entre un soutien financier à une famille qui éprouve des difficultés financières et le comportement d'un jeune, fut-il violent par ailleurs." 

Une sanction au cas par cas. Invité sur Europe1 en décembre, Jean-Michel Blanquer avait d'ailleurs précisé que la mesure, déjà dans les tuyaux à l'époque, ne devrait pas être appliquée à l'aveugle. "Si vous avez une mère de famille seule avec quatre enfants et qui n’arrive pas à s’y prendre, là vous n’allez pas lui charger la barque", avait-il expliqué. En revanche, "si vous avez un clan familial qui encourage l’élève à faire n’importe quoi et qui, en plus, prend la défense de l’élève contre les professeurs, là, il faut faire quelque chose". 

La question des enfants uniques. Les détracteurs du projet répliquent que cette distinction entre parents responsables ou non ne sera sûrement pas aussi simple en pratique. Ils soulignent en outre que la mesure sera totalement inopérante si l'élève violent est enfant unique, les parents d'un seul enfant ne bénéficiant pas d'allocations familiales.