Cinq choses à savoir sur Catherine Barbaroux, présidente d'En Marche!

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À 68 ans, Catherine Barbaroux est devenue lundi la présidente par intérim du mouvement En Marche!. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Cette femme de 68 ans, passée par le privé, les cabinets ministériels comme le monde associatif, vient de prendre la présidence par intérim du mouvement d'Emmanuel Macron.

On la surnomme volontiers la "caution de gauche" d'Emmanuel Macron. Catherine Barbaroux, 68 ans, vient de prendre la présidence par intérim du mouvement En Marche!. Celle qui a rejoint Emmanuel Macron depuis le début de son aventure élyséenne devrait rapidement passer d'un militantisme discret à la lumière. 

Elle vient d'une famille immigrée modeste

Catherine Barbaroux est de ces personnalités politiques que l'on pourrait juger atypiques à la simple vue de leurs origines. Née en 1949, cette fille de mineurs espagnols, arrivés en France au début des années 1920, a grandi dans un milieu modeste. "La pauvreté était prégnante", raconte-t-elle à La Croix. Elle se souvient d'un foyer "chaleureux et gourmand, doté d'une énergie incroyable, d'un énorme goût de vivre". Ses parents lui lèguent deux choses qui marqueront sa vie : un engagement à gauche (son père est un militant au Parti communiste qui portera un toast à la mort de Franco) et le goût des études.

Elle sera d'ailleurs la première de sa famille à en faire, poussant jusqu'à Sciences Po. Niveau engagement, c'est au sein du Mouvement des radicaux de gauche qu'elle a forgé le sien. Jusqu'à devenir membre du cabinet de Michel Crépeau, ministre MRG de l'Environnement, puis du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, entre 1981 et 1986.

C'est une spécialiste des questions d'emploi

Rapidement, ce sont les thématiques de l'emploi qui la passionnent et dirigent sa carrière professionnelle. Après son expérience en cabinet, Catherine Barbaroux bascule dans le privé et devient directrice des ressources humaines au sein du groupe Pinault-Printemps-Redoute. Avec, au bout, en 1993, un "licenciement express piloté par téléphone par Alain Minc", confie-t-elle à La Croix.

Son parcours dans le privé s'arrête temporairement, pas son intérêt pour le sujet. Catherine Barbaroux s'engage à la tête de l'association Entreprise et Personnel, spécialisée dans la professionnalisation de la fonction RH. Puis, elle est nommée déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle, poste qu'elle occupera sous la gauche comme la droite. Même sa retraite, prise en 2010, ne l'arrêtera pas de se consacrer à l'emploi, puisqu'elle rejoint d'Adie, association qui aide les personnes exclues du marché du travail à créer leur entreprise grâce au principe du microcrédit.

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Elle a été débauchée par Martine Aubry

C'est en 1999, alors qu'elle est directrice générale de Entreprise et Personnel, que Catherine Barbaroux fait la connaissance de Martine Aubry. Cette dernière, alors ministre de l'Emploi et de la Solidarité, lui "a offert une expérience politique remarquable" avec le poste de déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle, reconnaît la nouvelle présidente d'En Marche! dans L'Obs.

Aujourd'hui, les deux femmes ne se côtoient plus. "Je l'ai perdue de vue après la primaire de 2012. Ce n'est pas une déception. C'est une incompréhension. Elle a été sévère dès le départ avec Emmanuel Macron", raconte Catherine Barbaroux.

Elle a rencontré Emmanuel Macron fin 2015

L'ancienne présidente de l'Adie, elle, a tout de suite accroché avec le fondateur d'En Marche!, qui n'était encore "que" ministre de l'Économie lorsqu'ils se sont rencontrés, fin 2015. Il l'avait chargée, elle, de rendre un rapport sur l'entrepreneuriat. "Je l'ai un peu provoqué à l'époque, en lui disant qu'on ne ferait pas une France d'entrepreneurs", se souvient-elle dans L'Opinion. Le rapport ne donne rien (il devait servir à l'élaboration d'un loi Macron 2 qui n'a, finalement, jamais vu le jour) mais Catherine Barbaroux et Emmanuel Macron restent en contact.

Quelques jours avant le lancement d'En Marche!, en avril 2016 à Amiens, Emmanuel Macron pense à elle. Catherine Barbaroux avait alors déjà démissionné de l'Adie, pensant déjà "participer, d'une façon ou d'une autre, à la campagne présidentielle", explique-t-elle à L'Obs. Le choc des régionales, marquées par la poussée du Front national, mais aussi la personnalité d'Emmanuel Macron, la poussent à accepter de devenir déléguée nationale du mouvement. "À 68 ans, j'en ai vu passer, des hommes politiques", dit-elle à L'Opinion. "Mais je n'en ai vu aucun qui soit autant à l'écoute, authentique et à l'aise avec les gens."

C'est une déçue du quinquennat Hollande (et du PS)

L'autre chose qui pourrait bien expliquer l'engagement à En Marche! de Catherine Barbaroux, c'est le regard sévère qu'elle porte sur le quinquennat de François Hollande. Elle analyse sa déception dans les colonnes de L'Opinion : "La gauche n'a pas fait de faute majeure, mais elle n'est allée ni assez loin, ni assez vite. Elle s'est enlisée dans une espèce d'impuissance, on n'a pas réussi à faire bouger les lignes."

Celle qui s'agace de "la culture du non, ou du attendez, on va voir" qui "l'emporte dans ce pays" est aussi une déçue du Parti socialiste, ou du moins de certains de ses membres. "On voit bien qu'en ce moment la famille socialiste n'arrive pas à réaliser l'alchimie entre ses différents courants. Je trouve même qu'il y a une forme de violence entre camarades qui est préoccupante", regrette-t-elle dans L'Obs. "[Certains] sont dans le rejet et l'incapacité à dialoguer de façon pacifiée." Elle dit appartenir "à la famille socialiste, mais à cette famille ouverte" capable de synthèse.