«Chacun ses compétences» : dans la crise franco-algérienne, Emmanuel Macron désavoue peu à peu Bruno Retailleau
La crise franco-algérienne met en lumière d'autres désaccords, cette fois entre le président Emmanuel Macron et son ministre de l'Intérieur. Dans une interview au Figaro, le chef de l'État s'est montré clair : chacun ses compétences et les accords de 1968, c'est son domaine. Un désaveu de moins en moins masqué de François Bayrou et de Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron met le holà sur la dénonciation des accords de 1968. Après avoir déclaré la semaine dernière que la France ne les dénoncerait pas de manière unilatérale, le chef de l’État persiste et signe dans Le Figaro ce mardi. "Chacun est dans ses compétences. L’accord de 1968, c’est le président de la République", plante le président. Emmanuel Macron désavoue ainsi publiquement François Bayrou et Bruno Retailleau.
Un "dialogue exigeant et respectueux" avec Alger
La menace de François Bayrou sur les accords de 1968 avec l’Algérie était claire. Emmanuel Macron vient pourtant de désarmer symboliquement le Premier ministre. "Je suis totalement favorable non pas à dénoncer ces accords, mais à les renégocier" confie le chef de l’État au Figaro, prônant un "dialogue exigeant et respectueux" avec Alger, loin du bras de fer souhaité par Bruno Retailleau et engagé par François Bayrou.
Politiquement, le désaveu est cinglant pour le locataire de Matignon comme pour la place Beauvau, qui ne remet pas pour autant en cause la participation de Bruno Retailleau au gouvernement : "la question se posera quand il sera empêché sur le champ d’action qu’on lui a confié. Pas sur la diplomatie", répond son entourage.
Pression
Reste que le coup est dur à encaisser, et que le Rassemblement national accentue la pression : "Si Bruno Retailleau ne dépose pas sa démission dans la soirée, le peuple français saura à quoi s’en tenir", réagissait ce lundi soir la députée RN Laure Lavalette.
Le ministère de l’Intérieur revendique lui une vraie liberté de parole dans un environnement politique contraint par l’absence de majorité.