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avec AFP , modifié à
Le président Emmanuel Macron a pris la parole mardi lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet des dirigeants du G7, en Allemagne. "La Russie ne peut ni ne doit gagner" la guerre en Ukraine, a déclaré le chef de l'État, qui a également dénoncé une fixation "absurde" du prix de l'électricité.

Le président français Emmanuel Macron a martelé mardi que la Russie ne "devait pas gagner" la guerre en Ukraine mais refusé de qualifier la Russie d'"Etat parrain du terrorisme" après la frappe russe sur un centre commercial. "La Russie ne peut ni ne doit gagner et donc notre soutien à l'Ukraine et nos sanctions contre la Russie se maintiendront aussi longtemps que nécessaire et avec l'intensité nécessaire durant les prochaines semaines et les prochains mois", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet des dirigeants du G7, en Allemagne, consacré à l'invasion russe de l'Ukraine.

L'armée russe "s'attaque à des civils", accuse Macron

La frappe de missile russe qui a fait au moins 18 morts lundi dans un centre commercial à Krementchouk "est la preuve une nouvelle fois que l'armée russe a décidé d'utiliser la sidération comme un élément du conflit et s'attaque à des civils", a-t-il ajouté. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé que la Russie soit reconnue comme "Etat parrain du terrorisme", au lendemain cette frappe.

"Seuls des terroristes complètement fous, qui ne devraient pas avoir de place sur Terre, peuvent envoyer des missiles sur des objectifs civils", a écrit Volodymyr Zelensky sur Telegram. "La Russie doit être reconnue comme Etat parrain du terrorisme. Le monde peut et donc doit arrêter la terreur russe", a conclu le président ukrainien.

Pourquoi Macron ne qualifie la Russie d'État finançant le terrorisme

Le président français a dit ne pas reprendre cette "qualification" d'Etat finançant le terrorisme, et renvoyé au jugement des crimes de guerre par la justice internationale. "La qualification (des faits) appartient au juge. Nous condamnons ces crimes de guerre (...)", a-t-il dit en rappelant que la France avait envoyé des enquêteurs en Ukraine pour aider à mettre au jour les crimes commis par l'armée russe. "Nous n'avons pas besoin de quelque qualification que ce soit", a-t-il dit. "Nous continuerons d'œuvrer pour que celles et ceux qui doivent être condamnés par la justice internationale et la justice ukrainienne le soient".

Emmanuel Macron a par ailleurs souligné que personne n'attendait la fin de la guerre "dans les semaines ou les mois qui viennent" et émis le souhait comme son homologue ukrainien qu'elle s'arrête à la fin de l'année, avant le gros de l'hiver qui risque de geler les positions. "J'espère avec beaucoup de force que l'issue peut être obtenue en fin d'année", a-t-il relevé.

La nécessité d'amortir le choc de la crise économique

Il a insisté par ailleurs sur l'impact de la guerre sur les économies occidentales et la nécessité d'amortir le choc. Il faut "éviter une surcrise mondiale liée à la guerre", a-t-il dit, en relevant "l'inflation et le ralentissement de nombre de nos économies". "Cette nécessité de prendre en compte et de répondre aux conséquences directes et indirectes de la guerre est indispensable, d'abord pour aider nos populations à vivre durant un temps qui va durer et pour éviter que le monde ne se fracture", a-t-il insisté.

"Nous avons tous mesuré combien la Russie dans ses tentatives de déstabilisation de l'ordre mondial utilisait les conséquences du conflit pour faire douter certains Etats", a-t-il souligné.

La fixation des prix de l'électricité contribuent à l'inflation, selon Macron

Lors de cette conférence de presse, le président Emmanuel Macron a également dénoncé la fixation selon lui "absurde" des prix de l'électricité, contribuant fortement à la vague d'inflation et générant des "surprofits déraisonnables" pour les opérateurs. La hausse des prix dans toute l'Europe "est un impôt de l'extérieur qui vient par le gaz et l'électricité" depuis le début de la guerre en Ukraine, et "l'argent du contribuable n'a pas vocation à compenser cet impôt de l'extérieur, sinon c'est un système sans fin qui va nous appauvrir", a lancé le chef de l'Etat.

En plus des boucliers mis en place depuis l'automne 2021 sur les prix de l'énergie, à grands frais pour le budget de l'Etat, il a réclamé de "changer les règles de fonctionnement du marché de l'électricité", dont les tarifs sont indexés historiquement en Europe sur ceux du gaz.

"Des surprofits totalement déraisonnables"

À cause de ce système, "vous avez des prix d'électricité qui s'envolent et qui n'ont plus rien à voir avec les coûts de production d'électricité, ça suit le gaz, c'est absurde ; ce qui fait que vous avez des acteurs, par exemple dans le renouvelable, qui font des surprofits dans la période totalement déraisonnables".

"Honnêtement ce sont les Shadoks, ce qu'on on est en train de vivre", a-t-il insisté : "On dépense l'argent du contribuable pour essayer d'aider le même contribuable comme consommateur à faire face à l'augmentation des prix, qui vient de l'extérieur, sur le pétrole et sur le gaz qu'on ne produit pas, et qui est liée à la guerre". Les Shadoks étaient les personnages d'une série d'animation à l'humour volontiers absurde, diffusée en France à partir de la fin des années 60.

Face à cette situation, "objectivement la meilleure réponse, c'est de faire baisser ses prix à l'achat", a préconisé Emmanuel Macron, marquant son soutien aux efforts engagés par la Commission européenne début juin, et à la volonté annoncée par les pays du G7 de plafonner le prix du pétrole.

L'appel à l'unité de l'Otan

Enfin, Emmanuel Macron a appelé l'Otan à dégager un "message d'unité et de force" lors de son sommet mercredi et jeudi à Madrid qui doit notamment décider de l'adhésion de la Suède et la Finlande à l'Alliance. 

"Le message qui doit ressortir de Madrid c'est un message d'unité et de force pour les pays qui en sont membres comme pour celles et ceux qui aspirent à le rejoindre et dont nous soutenons la démarche", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en clôture du sommet du G7 en Bavière. "Nous devons être unis à Madrid, unis dans le soutien à l'Ukraine, unis dans notre fermeté, unis dans la défense et la sécurité du flanc oriental de notre Alliance", a martelé le président français.