À l'avenir, Emmanuel Macron pourrait débattre avec les parlementaires : "C'est une avancée démocratique"

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Romain David , modifié à
Invité d'Europe 1, le président de l’Assemblée nationale estime que cette mesure, critiquée par une partie de la droite, ne remet pas en cause l'équilibre des institutions.
INTERVIEW

À l'avenir, il pourra leur répondre. Les députés ont adopté dans la nuit de lundi à mardi le principe du face à face entre le président de la République et les parlementaires réunis en Congrès, alors même que la prise de parole d'Emmanuel Macron à Versailles avait suscité la polémique, la Constitution interdisant aux élus de s'adresser directement au chef de l'Etat. Ce dernier s'était lui-même prononcé pour la fin de cet usage. "C'est une avancée démocratique", a salué sur Europe 1 mercredi François de Rugy, le président de l'Assemblée nationale.

"Ça fait longtemps que je pense qu'il est un peu ridicule d'avoir un discours du président de la République, suivi d'interventions des présidents des groupes parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, mais sans le président de la République", pointe-t-il. "C'est à dire que les présidents de groupe répondent au président, qui est déjà parti. Et d'ailleurs, le président ne peut pas leur répondre".

La Constitution mise à mal ? Adopté par 40 voix contre 13,  à l'issue d'un débat électrique, l'amendement en question supprime la formulation "hors de sa présence [celle du président de la République, ndlr]" de l'article 18 de la Constitution, qui fixe le cadre d'une éventuelle prise de parole du chef de l'Etat devant les deux assemblées réunis en Congrès et le débat auquel elle peut donner lieu. Certains responsables politiques y voient toutefois un risque pour l'équilibre des institutions et notamment le rôle du Premier ministre, responsable devant le Parlement, quand le président de la République est responsable devant les Français. "Ce que propose Emmanuel Macron, c’est une sortie de régime, une sortie de la Cinquième République !", avait notamment alerté sur notre antenne le sénateur LR Bruno Retailleau.

Bon sens. "On va nous expliquer que ça bouleverse les équilibres de nos institutions ? Il faut quand même garder le bon sens", balaye le François de Rugy. "Au Parlement européen, lorsque notre président de la République va s'exprimer, les députés européens l'interpellent et le président répond", relève-t-il. "Moi, je trouve que c'est un exercice démocratique sain", conclut l'ancien écologiste. Ce changement, désormais inscrit dans le projet de révision de la Constitution, doit encore être approuvé par le Sénat, avant son adoption définitive, soit par une majorité des 3/5èmes des parlementaires, soit par un référendum.