14-Juillet : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron

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avec AFP , modifié à
Le président de la République Emmanuel Macron a donné mardi midi une longue interview, la première de son quinquennat à l’occasion du 14-Juillet. Coronavirus, chômage, relance, remaniement... De nombreux sujets ont été abordés. Europe 1 vous résume ses principales annonces et déclarations.

"Ce 14-Juillet est un peu particulier", a démarré Emmanuel Macron, pour justifier son interview donnée à Léa Salamé et Gilles Bouleau, mardi, depuis l'Élysée. Il avait annoncé qu'il ne se livrerait pas à ce type d'exercice... Et il l'a répété ce mardi : il n'y aura peut-être pas de nouvelle interview du 14-Juillet. Mais cette année, la période justifie l'exception. "Le pays a été profondément bouleversé et traumatisé. Et je crois que ce 14 juillet avait un tour particulier qui justifie cet échange", a expliqué le président de la République. "C'est un 14-Juillet qui consacre la fierté d'être Français, lors duquel nous célébrons nos armées. Mais aujourd'hui, nos armées ont accepté d'offrir un peu la vedette aux soignants, à ces hommes et ces femmes qui nous ont protégés, qui se sont battus pour nous", a martelé le chef de l'Etat, en préambule d'une interview riche en déclarations et annonces. On vous en résume les principales.

Le port du masque sera bientôt obligatoire dans les lieux publics clos

"Je recommande à tous nos concitoyens de porter le masque au maximum quand ils sont dehors. Et a fortiori quand ils sont dans un lieu clos. Nous allons nous mettre en situation de pouvoir, par exemple à partir du 1er août, le rendre totalement obligatoire" dans les lieux publics clos, a annoncé Emmanuel Macron lors de cette interview. "Nous serons prêts", en cas de nouvelles vagues de l'épidémie de Covid-19, a-t-il par ailleurs assuré. "Nous avons à la fois les stocks et les approvisionnements qui sont sécurisés et nous avons l'organisation au plus près du terrain, qui permettrait de faire face à une recrudescence, si elle était là", a-t-il enchaîné.

Le chef de l'Etat assure également qu'il "ne veut pas" de nouveau confinement généralisé, "mesure la plus radicale". Emmanuel Macron veut privilégier une "approche différenciée". "La clé, c'est d'être en vigilance partout dans le pays", martèle-t-il.

Une rentrée "quasi normale" à l'école

Emmanuel Macron a également assuré que la rentrée de septembre serait "quasi normale" pour les écoliers, les collégiens et les lycéens. "S'il y avait une accélération (du virus) pendant le mois d'août, on sera amené à revoir cette rentrée. Ça n'est pas ce que je souhaite, si on fait bien les choses nous aurons une rentrée des classes un peu différente, encore plus exigeante", a-t-il poursuivi.

Le président de la République a aussi été interrogé sur la chloroquine et Didier Raoult. Prendrait-il de l'hydrochloroquine s'il était malade du coronavirus ? "Non", a-t-il répondu, arguant du peu de connaissance scientifique entourant ce traitement prôné par le professeur marseillais. "Ce n'est pas au président de la République ou à un politique de trancher un débat scientifique", a-t-il martelé, voyant tout de même en Didier Raoult un "grand scientifique".

Ses réponses à "l'augmentation du chômage massive" qu'il attend

"Nous allons avoir une augmentation du chômage massive", a prévenu le chef de l'Etat. "Tous les instituts qui font référence écrivent qu'il y aura entre 800.000 et un million de chômeurs de plus à l'horizon du printemps 2021", a-t-il renchéri, avant de chiffrer le plan de relance à "au moins 100 milliards d'euros", en plus des 460 milliards déjà engagés depuis le début de l'épidémie. "On met avec ce plan de relance, en plus de cet argent déjà mis, au moins 100 milliards pour faire la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative. Je suis convaincu qu'on peut bâtir un pays différent d'ici à dix ans", a affirmé le président de la République.

Du côté des mesures concrètes, Emmanuel Macron a d'abord défendu le "dispositif inédit d'activité partielle de longue durée" issu des négociations avec les partenaires sociaux. "On va mettre sur ce dispositif 30 milliards d'euros pour compléter les salaires, financer des formations [...] dans les secteurs d'activité où il y a des opportunités", a-t-il détaillé.

Le président de la République s'est également dit ouvert à une politique de "modération salariale" de la part des entreprises. Emmanuel Macron "préfère" des baisses de salaires "momentanées" à des licenciements. Mais cette politique devra alors s'accompagner d'un "dispositif d'intéressement, de participation [...] et d'une modération des dividendes".

Un "dispositif exceptionnel d'exonération des charges" sera également mis en place pour l'embauche de jeunes. Ce dispositif sera lancé "en particulier pour les faibles qualifications ou les emplois jusqu'à 1,6 Smic. On va l'évaluer, mais il faut qu'il y ai cet élément d'accélération", a-t-il enchaîné. "On va créer un formidable accélérateur sur le service civique, qui fonctionne, dont nous avons vu la qualité. Nous allons en créer 100.000 dans les six mois qui viennent", a-t-il également annoncé.

"On ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts", a également précisé le chef de l'Etat. "Il y a une trajectoire fiscale qui a été décidée, votée par la représentation nationale, c'est celle qui sera tenue", a-t-il affirmé.

Pourquoi avoir changé de Premier ministre ?

Le président de la République est revenu sur le remplacement d'Edouard Philippe par Jean Castex à la tête du gouvernement. "C'est une page politique de la vie du pays qui se tourne. On ne peut pas dire : 'On en prend un nouveau chemin, une nouvelle méthode, un nouveau temps du quinquennat' et dire qu'on le fait avec la même équipe", a-t-il justifié. Le chef de l'Etat a tout de même salué "le courage, la loyauté et la détermination" d'Edouard Philippe et loué la "culture du dialogue social" de son successeur. 

Avec ce changement de gouvernement, peut-on parler de virage à droite entamé par Emmanuel Macron ? "Je suis radicalement en désaccord. D'abord parce que je crois au dépassement politique", a-t-il rétorqué. "Ensuite parce que quatorze personnalités (du nouveau gouvernement) ont eu des mandats politiques à gauche ou des engagements en soutien à la gauche", a-t-il enchaîné, vantant également la présence de ministres ou secrétaires d'Etat émanant de la société civile. "C'est ça, la France", a-t-il conclu.

Sa réponses aux critiques sur la nomination de Darmanin 

Emmanuel Macron a ensuite répondu aux critiques concernant la nomination de Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur fait l'objet d'une enquête pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, et ce depuis trois ans. "Je me place comme le garant de cette présomption d'innocence", a déclaré le chef de l'Etat. Il assure avoir eu une longue discussion avec son ministre avant de le nommer, signe selon lui d'une "relation de confiance, d'homme à homme".

"Je respecte toujours l'émoi et la colère des causes justes. Et donc, la cause féministe, je la partage", a également affirmé le président de la République. "Mais aussi vrai que je crois à la force des causes justes, je pense qu'aucune cause n'est défendue, justement, si on le fait en bafouant les principes fondamentaux de notre démocratie. Je le dis pour un ministre, comme je le dirai pour qui que ce soit. Je suis aussi là où je me place, comme le garant de cette présomption d'innocence", a-t-il insisté.

"Nous ne ferons pas l'économie d'une réforme de notre système de retraites"

Emmanuel Macron a par ailleurs estimé mardi que la France ne pourrait pas faire "l'économie d'une réforme" de son système de retraites, tout en reconnaissant que le projet du gouvernement ne pourrait pas être maintenu tel qu'il était prévu avant la crise sanitaire. "Nous ne ferons pas l'économie d'une réforme de notre système de retraite, pour qu'il soit viable", a assuré le chef de l'État lors d'un entretien télévisé à l'occasion du 14 juillet. Néanmoins, cette réforme "ne peut pas se faire comme elle était emmanchée avant la crise du Covid", a-t-il concédé.

"Notre pays au fond a peur et a une crise de confiance"

"Nous sommes loin d'être les pires, mais nous avons en quelque sorte un doute permanent sur nous mêmes en tant que pays. Notre pays, au fond, a peur et a une crise de confiance, de confiance à l'égard de lui-même", a répondu Emmanuel Macron, interrogé sur les critiques entourant sa gestion de la crise du coronavirus ou encore celles des gilets jaunes et de la réforme des retraites. "Nous avons en notre sein ce que j'ai parfois appelé ses 'passions tristes', c'est-à-dire des forces de division – on lisait ce matin un texte du général de Gaulle qui en parlait lui-même – qui parfois nous conduisent à ne plus avancer parce qu'on ne pense que ces divisions-là", a martelé le président de la République. 

"J'ai sans doute laissé paraître quelque chose que je ne crois pas être, profondément, mais que les gens se sont mis à détester : un président qui voudrait tout réformer, pour que ce ne soit que les meilleurs qui puissent réussir, pour que notre pays, finalement, s'adapte à la mondialisation. Ça n'est pas mon projet, mais le jeu des maladresses, parfois des phrases sorties de leur contexte d'autrefois", a-t-il également déclaré, interrogé sur sa réaction aux critiques le concernant personnellement.

La lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution "le plus vite possible" 

Emmanuel Macron a souhaité mardi inscrire "le plus vite possible" la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution, demande formulée par la Convention citoyenne sur le climat. Le chef de l'État a redit être "favorable" à un référendum sur la question et a souhaité inscrire "le plus vite possible" dans la Constitution "l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique et aussi le respect de la biodiversité". Mais, a-t-il précisé, "il faut d'abord qu'il y ait un vote par l'Assemblée puis le Sénat dans des termes conformes (...). A ce moment-là, il peut y avoir ou un congrès ou un référendum". 

Bientôt un "grand programme de rénovation" des écoles et des Ehpad

Le président de la République a affirmé mardi vouloir lancer "un grand programme de rénovation" énergétique, à destination des écoles et des Ehpad dans un premier temps, dans le cadre de son plan de relance économique. "On doit rentrer, et ce plan de relance en est l'opportunité, dans la construction d'un modèle qui est à la fois écologique, industriel et environnemental", a déclaré Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron veut "redévelopper massivement" fret ferrovaire, trains de nuit et petites lignes

La France entend "redévelopper massivement" le fret ferroviaire, les petites lignes de train et les trains de nuit dans le cadre de sa politique de transition écologique, a encore affirmé mardi Emmanuel Macron. "Parce que tout ça permet de faire des économies, permet de réduire nos émissions" d'émissions polluantes, a-t-il déclaré sans plus de détails.

Vers une généralisation des caméras-piétons "avant la fin du quinquennat"

Emmanuel Macron a enfin annoncé mardi la généralisation des caméras-piétons "avant la fin du quinquennat" pour les forces de l'ordre, afin notamment de lutter contre les contrôles au faciès. "Cela fait trop longtemps qu'on parle de cela", a commenté le président de la République à propos des accusations de contrôles au faciès par les forces de l'ordre, estimant qu'ils pouvaient être une source de discrimination alimentant une "défiance démocratique". Selon le chef de l'Etat, les caméras-piétons doivent permettre de "retracer la vérité des faits qui permettent de protéger, de rétablir (la) confiance".